Le 9 novembre, à Bruz, s'est tenue la matinée technique de Zinpro intitulée « Élever les championnes de demain ». Un sujet qui a permis d'évoquer les oligoéléments nécessaires pour une bonne croissance et productivité chez la génisse de moins de trois mois.
Lors de la matinée technique organisée par Zinpro à Bruz, le 9 novembre, Evelyne Kessler, responsable des aliments complémentaires de Covetrus (Suisse) a présenté : « tout ce dont a besoin le veau in utero et à la naissance ». Supplémenter la mère en sélénium (Se) durant la gestation permet la transmission à son veau. « Une étude a montré une augmentation du Se chez la génisse lorsque la mère était supplémentée. » La concentration sérique optimale en sélénium se situe entre 30 et 70 µg/l. Les oligoéléments sont importants pour les réactions enzymatiques et sont cruciaux pour améliorer l'immunité, la santé de la mamelle et des onglons, réduire le stress oxydatif et le risque d'œdème mammaire.

Il faut éviter les vaches grasses au vêlage, car un surplus d'énergie réduit le taux d'IgG dans le colostrum tout comme le stress thermique réduit le transfert d'IgG au veau et impacte l'ingestion de colostrum. La zone optimale pour éviter le stress thermique et garder une vache en bonne santé se trouve entre 10 et 20 °C. « Si la température est plus basse, il n'y aura pas de conséquences. En revanche, si elle est plus chaude, il y aura une diminution de la fertilité, de la production laitière, de l'ingestion, du temps de repos, une augmentation de la fréquence respiratoire et de la température corporelle. » Une vache est en stress thermique à partir de 24 °C avec une humidité réduite.
Les veaux exposés au stress thermique in utero seront plus légers à la naissance car ils prennent 60 % de leur poids durant les dernières semaines de gestation lorsque la mère ingère moins. « Les veaux auront moins d'immunité car il y aura moins de colostrum produit par la mère. » Le développement de leur glande mammaire peut être affecté car des veaux nés d'une vache qui a subi un stress thermique ont une glande mammaire plus légère avec moins de prolifération cellulaire. Mais ces veaux pourront mieux gérer les températures élevées, au détriment de la production laitière.
Obtenir le maximum d'IgG
« Pour avoir le maximum d'IgG dans le colostrum, il faut traire ses vaches le plus rapidement possible après le vêlage : dans les trois heures environ, passé ce délai les IgG seront dilués. La concentration en IgG reste constante tout au long d'une même traite, mais les premiers litres seront peut-être moins gras que les derniers litres de la traite », explique Evelyne Kessler. Le facteur impactant le colostrum le plus connu est la parité : les vaches plus âgées ont une quantité de colostrum et une concentration en IgG plus élevées. Cependant, Evelyne Kessler rappelle : « ce n'est pas parce que la quantité est faible que la qualité est mauvaise ».
La couleur du colostrum chez les bovins ne peut pas être utilisée pour définir sa qualité, mais plus il est jaune, plus il est gras. Pour déterminer la qualité il faut utiliser un réfractomètre Brix. Le colostrum contient aussi des composantes non-nutritives qui ne sont pas retrouvées dans le tank à lait : la lactoferrine, l'insuline et l'IGF1. Evelyne Kessler ajoute : « le colostrum est vraiment important pour le développement des intestins ». Sur la coupe histologique, l'intestin du veau ayant reçu du colostrum possède de belles villosités par rapport à celui qui n'a eu que du lait.
Sur la même thématique, Adam Geiger, support technique international de Zinpro (États-Unis), déclare : « l'élément essentiel, même vital, c'est le colostrum. On veut que les veaux deviennent productifs. Augmenter d'un kg/j le poids vif est un défi. Plus on essaie d'augmenter le poids vif d'un kg/j, plus on a du succès à la fin. Garder le veau en bonne santé permet de réussir. Lorsque la performance est compromise au début de l'élevage, les résultats sont compromis au final. »

Une étude réalisée par Radcliff et al., 2000 a montré qu'avec un régime élevé post-sevrage, le GMQ a été doublé et la puberté démarrait plus tôt, mais la production laitière n'était pas plus élevée. Cela vient de la glande mammaire, immature en développement, après la naissance. Ce parenchyme est entouré de tissu adipeux mammaire qui se développe et produit des ramifications grâce aux œstrogènes et à l'alimentation. La glande mammaire est multipliée par 60, à 75 jours d'âge. La collagénase de la glande mammaire va permettre de remplacer le tissu adipeux par des tissus qui produisent du lait. Cette enzyme fonctionne avec le zinc (Zn). Une différence significative est rapportée sur les cellules en prolifération selon la manière dont le veau est nourri : « 5 % de prolifération en plus, même 10 % en plus dans la zone reculée de la mamelle. Dans mon scénario idéal, 8 l/j aux veaux de 7 à 56 jours d'âge. Puis un processus de sevrage régulier avec une diminution du lait graduellement. Ce qu'il y a de plus important c'est l'eau à partir du premier jour de vie, 1,5 kg d'aliment de démarrage avant de passer à l'aliment croissance, avec une transition d'une semaine après le sevrage. »
Un sevrage abrupt entraîne une baisse d'énergie ingérée, le veau s'en remet moins bien et a significativement plus d'amidon fécal. Les veaux doivent donc consommer 1,5 à 2 kg d'aliments solides trois jours avant le sevrage pour éviter la diarrhée. Dans l'aliment post-sevrage, les protéines brutes baissent à 14 % car la croissance diminue, mais les besoins en fibres augmentent pour assurer le bon fonctionnement du rumen et éviter la diarrhée.
Le logement par paire
Hélène Leruste, enseignante-chercheuse en sciences animales à l'école d'ingénieurs Junia (Lille) a quant à elle abordé un sujet de conduite d'élevage : le logement des veaux par paire, une alternative au logement individuel. D'après l'Efsa, cette alternative serait bénéfique pour le bien-être des veaux. Les recommandations évoquent d'éviter le logement individuel, de maintenir le veau avec sa mère pendant 24 heures minimum et d'avoir des logements de 3 m²/ veau au repos et 20 m² au total pour le jeu. Une évolution de la législation européenne est attendue.
En effet, les bovins sont des animaux qui communiquent entre eux et qui forment des groupes stables avec une hiérarchie et un leadership. Les relations de dominance se mettent en place très tôt (dès six à huit semaines). Les éleveurs en bio ont la contrainte de mettre les veaux en groupe dès une semaine, contrairement au conventionnel dont le maximum d'âge est de huit semaines.
Le logement à deux donne une image positive de l'élevage des veaux pour la société et leur permet d'exprimer des comportements naturels et sociaux, de développer de meilleures capacités d'apprentissage et d'adaptation, une meilleure croissance et un moindre stress au sevrage. Mais le problème du logement par paire est la transmission de maladies. Il est recommandé de loger des paires avec le moins d'écart d'âge possible et de distribuer des quantités suffisantes aux veaux pour éviter les succions (au moins deux fois 4 l/j au pic de distribution).
Maximiser l'efficacité alimentaire
Pour finir la matinée technique, Zinpro a présenté une nouvelle approche minérale pour maximiser l'efficacité alimentaire. Marie-Laure Ocaña, support technique ruminant Zinpro Europe, pose le contexte : « entre 12 et 35 % des veaux nés-vivants n'atteignent pas le premier vêlage et 35 % des veaux nés-vivants élevés pour le renouvellement n'auront pas de contribution positive au troupeau ». Pour préparer le veau et permettre une bonne croissance, les oligoéléments sont importants. Le zinc permet l'intégrité de l'épithélium intestinal, la fonction immunitaire, la sécrétion de collagène, etc. Le manganèse est impliqué dans le processus de formation du cartilage, collagène et minéralisation avec le calcium qui est aussi impliqué dans le processus de croissance du veau. C'est l'oligoélément de la reproduction pour la fabrication des hormones de reproduction à partir du cholestérol. Le cuivre est impliqué dans la fonction immunitaire, le processus phagocytaire, la dureté et l'élasticité des tissus, le métabolisme du fer et produit des neutrophiles.

« Comment les minéraux Zinpro peuvent aider ? » La nouvelle gamme ProPath, peut être utilisée en aliment d'allaitement. L'université de l'Illinois a réalisé une étude pour comparer deux programmes (un programme conventionnel : aliment d'allaitement à 22 % protéines et 20 % de matières grasses avec un starter à 18 % protéines, vs un programme poussé : aliment d'allaitement à 28 % protéines et 20 % matières grasses avec un starter à 26 % protéines). Dans chacun des deux programmes, des oligoéléments différents étaient présents : soit des oligoéléments inorganiques, soit des oligoéléments Zinpro. Avec les chélates Zinpro, une augmentation de 16,6 % du GMQ et 13,2 % de l'efficacité alimentaire de ces veaux ont été démontrées.
Une autre étude a été faite en 20202021 avec l'université de Caroline du Nord, portant sur le même programme poussé mais, cette fois, supplémenté par la nouvelle gamme de Zinpro. Les veaux nourris avec les oligoéléments inorganiques ont consommé plus de starter que les veaux supplémentés avec les nouveaux oligoéléments Zinpro. Le poids vif des veaux nourris avec les nouveaux oligoéléments Zinpro avaient un meilleur poids au sevrage, pas de différence de GMQ mais une meilleure efficacité alimentaire de 13,6 %. Ces résultats ont aussi été validés chez un éleveur en France. De plus, ces veaux supplémentés avec ProPath étaient moins malades et les veaux malades recevaient moins de traitements, l'éleveur français a obtenu une augmentation de l'efficacité alimentaire de 19 %. En théorie, cela peut se traduire par plus de 200 kg de lait en première lactation. Il est à noter que 70 % des meilleures croissances étaient des veaux nourris avec ProPath. Les recommandations des quantités d'oligoéléments dans l'aliment d'allaitement ont été mises à jour en 2021 (Nasem). L'apport de la totalité des oligoéléments sous forme de chélates ProPath permet de répondre aux besoins de l'animal quand il est le plus efficace en termes de croissance et d'absorption des oligoéléments.