Les 8 et 9 novembre, Phileo by Lesaffre a organisé son symposium dédié aux ruminants ainsi qu'une visite de son usine et de son nouveau campus à Marcq-en-Baroeul, en périphérie de Lille. De nombreux intervenants se sont succédé pour présenter le potentiel Redox du sol au rumen, l'intérêt des β-glucanes sur l'immunité ainsi que l'utilisation d'Actisaf chez le ruminant et son impact sur l'empreinte carbone.
C’est à Marcq-en-Baroeul, près de la métropole lilloise, que Phileo by Lesaffre a installé son usine en 1863 et son centre de recherche. Le 9 novembre, Phileo a organisé un symposium sur les ruminants : le potentiel Redox du sol au rumen (indicateur santé des ruminants), l’intérêt des β-glucanes sur l’immunité ainsi que l’utilisation d’Actisaf en élevage et son impact sur l’empreinte carbone ont été abordés.
Le couple pH/Redox du sol influence le couple pH/Redox des plantes, qui influence la nutrition des plantes, des animaux et vice-versa. La plante met en place des régulations (compartimentation, tampon chimique et transcription…) pour maintenir l’homéostasie. Le potentiel Redox des sols varie très vite, « les sols sont très dynamiques : un sol qui est humide est réduit, un sol sec est oxydé », explique Baptiste Maitre, agronome spécialisé dans la conservation des sols, chez Ver des sols vivants. La stabilité du sol est permise par la matière organique, le fer, l’argile et les micro-organismes. Il existe un gradient Redox dans les plantes, en fonction de l’âge de la plante et de la feuille. Les ravageurs attaquent les vieilles feuilles en fonction de leurs niveaux pH/ Redox. Certains ravageurs vont plutôt attaquer les jeunes feuilles et d’autres vont préférer les vieilles feuilles. Des carences en magnésium, fer, manganèse, ne permettent pas de réaliser une bonne photosynthèse et des carences en magnésium, bore, soufre et molybdène ne permettent pas de réaliser la protéosynthèse. La qualité de l’alimentation animale équivaut à la qualité des sols pour les plantes.

Le potentiel Redox dans le rumen
Le potentiel Redox est un indicateur complémentaire au pH pour comprendre le fonctionnement du rumen et diffère en fonction des bactéries présentes. In vivo, le potentiel Redox du rumen se situe entre - 180 millivolts (mV) et - 200 mV et se mesure avec des valeurs spots. Une étude a montré qu'en stérilisant le rumen, le potentiel Redox augmente à + 300 mV : « il est lié à la vie du rumen », explique Jean-Philippe Marden, directeur de la ferme expérimentale The Farm Phileo. Chez la vache, en fonction de la composition de la ration, il existe des types de flores différentes dans le rumen : avec un tourteau de soja normal ou tanné, le potentiel Redox est différent. Des systèmes à double flux (Dual flow) ont été développés en interne pour remplacer l'utilisation des animaux à des fins d'expérimentation et ainsi respecter le concept des 3R : remplacement des animaux, réduire le nombre d'animaux et raffiner le protocole expérimental. « Avec le système Dual flow, nous accumulons pléthore de données qui permettront de modéliser l'effet de nos produits dans n'importe quelle situation nutritionnelle en France et à l'étranger. »
Visite : Usine Lesaffre

Le 8 novembre, la veille du symposium, Phileo by Lesaffre a programmé une visite de l’usine Lesaffre à Marcq-en-Baroeul. Lesaffre, au chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros, emploie 11 000 salariés. Ce site industriel, certifié GMP+, Iso 50001, AEO, FAMI, FSSC 22008, est en fonctionnement depuis 1863 et a été transformé de nombreuses fois depuis. À ses débuts, Lesaffre produisait de l’alcool par le biais des levures. Le marché ayant diminué, « ce qui était un coproduit, la levure, est devenu le premier produit. Aujourd’hui, nous produisons des levures sans alcool », explique Christophe Bertin, directeur du site Lesaffre.
Plusieurs centaines de milliers de tonnes de levures liquides sont produites sur ce site qui fonctionne 24h/24 et 7j/7, ce qui fait d’elle la plus grande usine de production de levures au monde. 90 % des produits sont dédiés à l’export. La matière première est locale et les coproduits sont revalorisés localement. Ces matières premières (mélasse et quelques ingrédients complémentaires) sont reçues à hauteur de 10 % en péniches (une péniche équivaut à dix camions) et le reste par camion-citerne. L’usine a pour projet d’installer un récupérateur d’énergie en recyclant la chaleur de la fermentation pour l’utiliser à l’étape de séchage. Un calcul d’abattement de 50 % de l’empreinte carbone et 7 % d’économie d’eau a été réalisé. « Ce projet sera opérationnel en 2025. »
Actisaf, développé par Phileo, « un allié pour le rumen », permet d’augmenter les performances GMQ de 5 à 13 % sur différentes races d’allaitantes et le poids d’abattage de 9 %, selon une étude rapportée par Nizar Salah, responsable R&D ruminants. En production laitière, « nous avons réalisé une méta-analyse sur Actisaf avec 29 essais dans le monde. Nous avons une augmentation de 5,1 % de la production laitière en moyenne. La méta-analyse met en avant l’hétérogénéité des résultats d’essais. En utilisant différentes approches d’analyse, nous observons un effet positif et significatif d’Actisaf sur la production laitière et l’energy corrected milk (ECM) à la dose recommandée ». Tous ces résultats d’essais sont conservés sur une plateforme au sein de Phileo.
« Actisaf en post-partum, permet d’augmenter la digestibilité de la part fibreuse et des protéines », précise Christine Julien, éleveuse et consultante Phileo. Mais, « la digestibilité reste compliquée à mesurer. Nous utilisons l’outil Digescan qui mesure dans les bouses, à l’aide de deux tamis, la digestibilité. On tamise 1 kg et on voit ce qui reste en pesée par rapport à ce kg, explique Nizar Salah. Actisaf diminue la quantité de particules indigérées de plus de 5 mm. Une méta-analyse sur pas moins de 100 essais en condition terrain a permis de confirmer une diminution significative de 35 % de ces particules en corrélation avec une augmentation de la production laitière de 1,3 kg de lait ». Sur un challenge de transition alimentaire, Actisaf permet une augmentation de la production de lait et amortit les effets de stress en péri-partum. La variabilité du microbiote ruminal avec Actisaf est également diminué, le pH ruminal est stabilisé, une étude publiée en 2018 à également montré une amélioration de 5 % de la réussite en 1re IA. Enfin, des données préliminaires ont montré un intérêt marqué d’une modulation d’Actisaf en fonction du stade physiologique de l’animal et du niveau de production.

Immunité et rumen
Après un rappel de l’immunité humaine par Bertrand Meresse, chercheur en immunologie à l’Inserm, Julie Schultess, immunologiste chez Phileo explique que la santé intestinale repose sur quatre piliers : l’environnement, le régime alimentaire, l’hôte et le microbiote. SafMannan a la capacité de se lier aux souches E. coli et favorise l’agglutination des salmonelles. En complément, des essais ont montré une diminution du taux cellulaire dans le lait et l’amorce d’uneréponse cytokinique des cellules immunitaires du sang de la vache.
Les β-glucanes (chaînes de glucose liées entre elles) sont capables d’initier l’entraînement immunitaire, une petite stimulation permet une grande réponse ensuite. Le SafGlucan (extrait de fraction pariétale de levures riche en β-glucanes 1,3 1,6) permet d’avoir cette réponse grâce aux β-glucanes de levures. Les animaux supplémentés en SafGlucan ont une réponse plus élevée face à un stress induit par des lipopolysaccharides (LPS). Selon Julie Schultess, « SafGlucan permet d’améliorer les réponses immunitaires adaptatives. Sur des essais avec des inductions de maladies, il y a une plus grande réponse avec SafGlucan sur les lymphocytes T et B ».
RSE et culture interne
Gildas Joalland, directeur stratégique et responsable RSE Phileo, l’annonce : « les trois piliers de la RSE sont : People, Profit et Planet (prendre soin des personnes, des activités durables et prendre soin de la planète) ». À titre d’exemple, sur son site historique de Marcq-en-Barœul – plus grosse levurerie au monde mais également lieu de production de l’Actisaf – un investissement dans une pompe à chaleur en 2023 va permettre de diminuer de 20 % les émissions de GES de l’Actisaf. Afin de mesurer l’empreinte carbone de l’Actisaf, Phileo s’est appuyé sur l’expertise d’un cabinet de consulting indépendant pour réaliser une analyse de cycle de vie.
« Il y a un besoin d’agir pour l’environnement, c’est une demande des consommateurs. Avec Actisaf, nous avons observé une diminution de la quantité d’ammoniac et d’azote totale de 11 %. De même, grâce à l’ACV réalisée, nous avons constaté une diminution de 5,5 % d’émissions de CO2 par kg de lait corrigé, ce qui représente une diminution de 670 kg pour une vache laitière à 10 000 kg de lait par an », se réjouit Maxime Briche, responsable du marché ruminant pour l’Europe de l’Ouest.
Éva Marivain
Inauguration : Campus Lesaffre

Toujours à Marcq-en-Barœul, Lesaffre a eu l’opportunité de présenter son nouveau campus, de 23 000 m² (dont 60 % dédiés à la R&D) sur 19 ha, lors de ce symposium. « L’inauguration de notre Campus Lesaffre est une étape historique dans le développement du Groupe. Ce lieu de vie est né de la volonté d’exprimer ce que nous sommes : une entreprise innovante, ancrée localement, ouverte sur le monde et respectueuse de l’environnement. La modernité architecturale et technologique de ce campus offre à nos équipes la possibilité d’adopter de nouveaux modes de travail, plus agiles et plus transversaux, en particulier en R&D, en s’appuyant sur des équipements de pointe. Inaugurer notre Campus Lesaffre, illustre notre ambition : accélérer la recherche et le développement de solutions innovantes pour répondre aux défi s de l’alimentation, de la nutrition et de la santé de demain », a déclaré Brice-Audren Riché, directeur général de Lesaffre.
Parmi ces équipements de pointe, la plus grande biofonderie d’Europe. La biofonderie est un ensemble de robots qui permet de réaliser, simultanément et à haut débit, des manipulations miniaturisées nécessaires à cribler, analyser, établir la fiche d’identité et le potentiel fonctionnel de micro-organismes pour les sélectionner avec précision. « Chaque jour, des tests de milliers de souches sont effectués grâce à cet outil grâce à la robotique et à l’analyse de données avancées : cet outil permet désormais d’effectuer 10 000 tests par jour au lieu de 10 000 tests par mois. » Plus d’un tiers des projets de recherche est mené avec des partenaires, universités et start-ups. Actuellement, Lesaffre travaille avec plus de 60 partenaires de recherche. Dans les années à venir, Lesaffre compte augmenter chaque année son budget R&D de 10 à 15 %.
Sur le Campus Lesaffre, les collaborateurs disposent d’une salle de sport et d’un restaurant d’entreprise. Le campus favorise les nouveaux modes de travail pour faciliter les synergies et le travail d’équipe. Le Campus Lesaffre a été conçu dans le respect des normes environnementales et énergétiques : l’ensemble des bâtiments est performant énergétiquement.