En organisant successivement deux journées, le 22 novembre à Chalon-sur-Saône (Saône et Loire) et le 23 à Brive (Corrèze), Lallemand souhaitait échanger avec le terrain sur la valorisation des fibres, clé de l'efficacité économique des rations ruminants et présenter ses dernières innovations.

L’année 2022 a été placée sous le signe des réunions ruminants pour Lallemand. Après le 7 juin à Liffré, le 15 mars à Cahors pour les petits ruminants et le 9 juin à l’Inrae de Theix, la journée du 22 novembre à Chalon-sur-Saône a réuni des techniciens et des responsables des fabricants d’aliment de la moitié Est de la France. « Nous souhaitons, par ces journées, reprendre contact avec le terrain après deux années de Covid », nous confie Érik Sulmont, responsable commercial Grand Ouest, avant le démarrage de la journée.
« Notre activité principale est le développement, la production et la commercialisation des bactéries, des levures et dérivés de levures », affirme en introduction Anne- Sophie Grafouillère, responsable marketing & communication. Avec 27 usines de levures et huit de bactéries dans le monde, le groupe Lallemand emploie plus de 4 500 personnes. Lallemand Animal Nutrition, sa branche nutrition animale, compte trois pôles (nutrition et bien-être, environnement animal et gestion des fourrages) ayant développé des technologies spécifiques comme Titan (technologie de micro-encapsulation brevetée pour protéger les levures vivantes lors de leur incorporation, stockage et utilisation), HC (additif pour l’ensilage formulé pour une homogénéité optimale à une concentration élevée) ou Drink (formule spécifique pour une solubilité et une stabilité optimale dans l’eau de boisson).

« Avec la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation, les éleveurs se trouvent dans un contexte bouleversé », affirme ensuite Stéphanie Hourte, responsable commerciale France qui rappelle également le contexte météo difficile de 2022, avec des conséquences directes sur la qualité des fourrages : rendements hétérogènes pour l’herbe et très hétérogènes pour le maïs, avec comme conséquences des niveaux de sucres, amidon et glucides ruminaux faibles, un niveau de fibres important et un encombrement supérieur.
Digestibilité des fibres
Puis Frédérique Chaucheyras, responsable de la recherche Lallemand Animal Nutrition Inrae de Theix, a rappelé l’importance du microbiote ruminal sur la digestibilité de la fibre. « Le microbiote fibrolytique est présent au sein de trois groupes microbiens que sont les bactéries, les protozoaires ciliés et les champignons », affirme tout d’abord Frédérique Chaucheyras, qui ajoute que 75 % du microbiote fibrolytique vit attaché aux fibres. Si la communauté fibrolytique est peu abondante au sein du microbiote ruminal, elle est très active grâce à la production d’une grande diversité d’enzymes.

Très sensibles aux conditions écologiques (diversité du microbiote, pH, potentiel redox, etc.), les espèces fibrolytiques s’implantent dès la naissance selon un processus séquentiel : les bactéries cellulolytiques dès la première semaine, les champignons dès la deuxième et les protozoaires dès la troisième. L’activité du microbiote fibrolytique résulte dans la production d’acides gras volatils, ces derniers représentant 75 % de l’énergie nécessaire au ruminant et cette activité est affectée durant des phases de stress de l’animal, mais aussi par l’environnement ruminal lui-même. « Levucell SC, levure vivante à action spécifique au niveau du rumen, est un allié précieux pour le microbiote fibrolytique », affirme Frédérique Chaucheyras, qui en souligne les bénéfices mesurés depuis le jeune âge en période de stress (acidose, transition, stress thermique), mais également avec des régimes riches en fourrages. « Levucell SC garantit une barrière épithéliale du rumen efficace et évite le déclenchement de la cascade inflammatoire, aidant au final à mieux valoriser la part fourrage de la ration et à augmenter l’efficacité alimentaire des animaux », résume Frédérique Chaucheyras.
« La levure spécifique ruminant Levucell SC apporte des bénéfices visibles sur les performances, tout au long du cycle de vie », ajoute ensuite Érik Sulmont, avec à la clé une meilleure marge alimentaire des troupeaux, chiffrée de + 50 à + 120 g de lait/kg de MSI (matière sèche ingérée) et de + 100 à + 170 g de croissance/tête/ jour pour les bovins viande.

Calculateur Levucell SC
Parmi les innovations présentées lors de la journée, le calculateur Levucell SC permet d’estimer l’intérêt technique et économique du Levucell SC d’une ration donnée. « L’efficacité de Levucell SC a été prouvée in vivo sur 360 fourrages, ce qui nous a permis d’établir une base de données solide pour construire les équations de prédiction de l’effet du Levucell SC sur l’amélioration énergétique des fourrages de vos rations », commente Stéphanie Hourte, lors des ateliers de l’après-midi. Une fois renseignés les critères de la ration et certains critères techniques et économiques de l’élevage, le calculateur indique l’amélioration des digestibilités du fourrage et de leur valeur UF avec Levucell SC, ainsi que le gain attendu en lait ou en croissance.
La technologie Titan, technique de micro-encapsulation développée et brevetée par Lallemand, a également fait l’objet des innovations présentées à Chalon. « Résultant de la maîtrise de toutes les étapes de production et d’un procédé de revêtement spécifique, elle permet d’optimiser la viabilité de Levucell SC après granulation », précise Érik Sulmont, qui ajoute que cette technologie optimise aussi la stabilité des aliments pendant le stockage, en fonction des sources de levures et de la technologie de granulation.

Deux autres innovations
Acidease contient une combinaison du Levucell SC et des hydrolysats de levure hautement digestibles (prébiotique) qui agissent ensemble pour combattre l’acidose par un rééquilibrage rapide et durable du microbiote du rumen. L’acidose ruminale subaiguë et aiguë se produisent lorsque le pH du rumen chute, par manque de fibres, excès de glucides fermentescibles ou lors de transitions alimentaires et périodes de stress mal gérées. Plus la chute de pH est importante et persistante, plus les conséquences sur la santé sont marquées et les performances des animaux impactées, avec une baisse de l’efficacité alimentaire en particulier par une baisse de la digestibilité des fibres. Acidease s’emploie en cas de rations riches en glucides fermentescibles, en période de transition alimentaire, à l’ouverture de nouveaux silos ou en période de stress (stress thermique, transports, entrée des broutards en atelier d’engraissement…).
Enfin, RG Concept est une solution unique développée par Lallemand pour répondre à tous les défis rencontrés par les éleveurs au sein de leur troupeau (bovins ou petits ruminants), comme le stress alimentaire, climatique ou de transition physiologique (vêlage), le logement ou la qualité sanitaire des fourrages. Validé par plusieurs résultats d’essais terrain, RG Concept, en agissant en synergie à la fois sur le rumen et l’intestin, représente une approche plus globale permettant de préserver et garantir l’intégrité des parois ruminales et intestinales et de maintenir la production laitière durant les périodes de stress.

Philippe Caldier