JRP 2011 : l'alimentation porcine en quête de solutions

Le 22/03/2011 à 11:25 par La Rédaction

Jospeh Saulnier

 

 

Les 43e Journées de la Recherche Porcine (JRP), organisées par l'Inra et l'Institut du Porc (Ifip) les 15 et 16 février derniers à Paris, ont fait la part belle à l'alimentation animale. Plus de 20 communications et présentations de posters ont ponctué la séance Alimentation, animée par Joseph Saulnier de Coopert Arc Atlantique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le tourteau de colza : remplaçant du tourteau de soja

 

 

Florence Maupertuis

 

Une équipe réunissant la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique, l'Ifip (Institut du porc), le Cetiom (Centre Technique Interprofessionnel des Oléagineux Métropolitains) et l'Onidol (Organisation Nationale Interprofessionnelle des Oléagineux) a étudié les effets d'une utilisation continue du tourteau de colza sur les performances des porcs charcutiers. Résultat : l'utilisation prolongée du tourteau de colza n'a aucun effet défavorable sur les performances des porcs charcutiers grâce au seuil de 5 mmoles/j de glucosinolates, respecté grâce aux faibles teneurs des variétés de colza 00. « On peut donc conseiller des taux d'incorporation de 10 % pour la truie, 12 % en 2e âge et 18 % en charcutier », déclare Florence Maupertuis, de la Chambre d'Agriculture de Loire Atlantique. De plus, « en association avec une autre source de protéines (pois ou féverole), on peut envisager un retrait total du tourteau de soja des formules pour porc».

 

 

 

Réduction des protéines = perte de performances

 

 

Une équipe d'Inzo° a étudié les conséquences d'apports réduits en protéines (en deçà des recommandations Corpen en vigueur), depuis le sevrage jusqu’à l'abattage. Sur les trois périodes consécutives (post-sevrage, croissance, finition), deux niveaux de protéines se croisent pour obtenir 8 programmes alimentaires. Conclusion : si la diminution de l'apport protéique permet de réduire l'excrétion azotée des porcs (5 à 17 %), elle engendre une dégradation significative des indices technico-économiques (durée d'engraissement, IC, engraissement des carcasses). C'est en période de finition que « les performances zootechniques ont été significativement affectées par les traitements expérimentaux », indique Arnaud Samson. Diminuer les recommandations « basse pollution » en protéines aurait alors pour conséquence « une augmentation du coût de production de la viande de porc en l'état actuel des moyens techniques disponibles ».

Les porcs ajustent l'EN ingérée : oui et non

Nathalie Quiniou

L'Ifip et l'Inra ont actualisé la réponse des porcs charcutiers à une variation de la teneur en énergie nette (EN) de l'aliment pendant l'engraissement, en loge individuelle, la majeure partie de la littérature existante datant des années 70-80. Résultat : entre 40 et 60 kg, ainsi qu'entre 60 et 80 kg, les porcs ajustent leur niveau d'ingestion en fonction de la concentration énergétique de l'aliment. Ils ont le même GMQ (Gain Moyen Quotidien) et le même ICEN (Indice de Consommation énergétique). Les porcs entre 80 et 100 kg ajustent leur ingestion dans une plage allant de 8,7 à 10,5 MJ EN/kg. Cet effet est plus marqué chez les porcs lourds que chez les porcs légers. Il apparaît que « la sélection pour des porcs de plus en plus maigres se traduit par une diminution de leur capacité d'ingestion en fin de croissance et non au début ». Cependant, l'emploi d'aliments très concentrés doit être « relativisé au regard du surcoût engendré par un recours massif aux matières grasses ».

Déplétion-réplétion en P et Ca

Marie-Pierre Letourneau-Montminy

Agriculture Canada et l'Université de Santa Maria (Brésil) ont évalué les effets de phases de déplétion-réplétion en phosphore et calcium sur le contenu minéral osseux (CMO) et la densité minérale osseuse (DMO). Durant les trois phases de croissance (25-50, 50-80 et 80-110 kg), six protocoles ont été testés grâce au croisement d'aliments apportant les valeurs recommandées en Ca et P (réplétion) ou des valeurs moindres (déplétion). Conclusion : les porcs déplétés en P et Ca ont « une utilisation digestive et métabolique accrue, laquelle s'accroît avec la durée de déplétion ». Cette augmentation de l'efficacité d'utilisation serait durable, au moins jusqu'à ce que le déficit de minéralisation soit comblé. Les porcs déplétés pendant la première période de croissance (réduction de 40 % des apports alimentaires de P) ont une minéralisation osseuse similaire aux témoins (apports adéquats pendant toute la croissance). Les porcs arrivent ainsi à rattraper le déficit de minéralisation osseuse induit par la réplétion, rattrapage qui dépend de la durée de la déplétion. « Les recommandations devraient intégrer l'historique nutritionnel P-Ca », conclut Marie-Pierre Letourneau.

Interaction phytates-zinc

Patrick Schlegel

Une équipe franco-suisse (Inra et Agroscope Liebefeld-Posieux) a étudié les interactions entre les phytates et le zinc chez le porcelet afin de définir l'effet limitant des phytates sur la biodisponibilité du zinc. Résultat : l'équipe propose un modèle utilisant la valeur « phosphore phytique non hydrolysé » comme valeur pour l'évaluation de l'interaction zinc-phytate. Elle permet de prendre en compte l'effet de l'hydrolyse des phytates alimentaires par l'activité des phytases. Il apparaît que les phytates non-hydrolysées « réduisent la biodisponibilité du zinc natif, mais n'interagissent pas avec le zinc ajouté ». De plus, « la libération de zinc par la phytase est proportionnelle à celle de phosphore et l'usage de phytase microbienne offre des possibilités importantes chez le porc pour valoriser le zinc sous forme native ». Le modèle permet aussi de calculer la teneur en zinc de l'os attendue chez le porcelet en fonction de la teneur alimentaire en phosphore phytique, zinc natif et ajouté et des activités phytasiques végétale et microbienne. La relation établie permettrait d'adapter la supplémentation en zinc en fonction du potentiel antagoniste de l'aliment.

Émilie Auvray

... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 644 - mars 2011