Biomin-DSM a organisé, en octobre dernier, une réunion technique pour faire le point sur l'effet des mycotoxines sur le porc. Laura Soler-Vasco, docteure vétérinaire à l'UMR Toxalim a partagé ses connaissances.
Laura Soler-Vasco, docteure vétérinaire à l’UMR Toxalim Inrae et l’École nationale vétérinaire de Toulouse, était invitée à la réunion technique proposée par DSM Biomin sur le thème des porcs et mycotoxines. Elle explique l’extrême sensibilité de ces animaux : « les porcs sont particulièrement sensibles aux mycotoxines car ils sont grands consommateurs de céréales et parce que leur physiologie est réceptive aux effets des mycotoxines. En cela, ils sont à l’image de l’Homme, dont ils sont un bon modèle. »
Elle distingue les mycotoxines majeures – les plus connues et pour lesquelles il y a une règlementation – des mycotoxines émergentes détectées par les nouvelles technologies et qui commencent à être quantifiées et leur effet toxique étudié. « Leur présence dans les aliments est, toutefois, très irrégulière », relève la chercheuse, qui évoque aussi l’existence de « mycotoxines, produites par des champignons qui se trouvent sur les murs des bâtiments des porcheries et qui présentent un risque d’inhalation, à la fois par les animaux et par les éleveurs ».
La crainte majeure sur les mycotoxines est liée au changement climatique qui place de nouveaux territoires sous la menace de nouvelles mycotoxines, jusqu’alors cantonnées aux zones tropicales : « certaines espèces d’Aspergillus commencent à contaminer le maïs dans le sud de l’Europe et même désormais certains départements français », rapporte Laura Soler-Vasco. « C’est un sujet d’intérêt majeur », complète Laure Rouxel, spécialiste mycotoxines pour DSM qui a, par ailleurs, présenté l’état des contaminations dans la zone Europe. Elle relève la grande diversité des matières premières contaminées mais souligne que les céréales restent « les plus fréquemment contaminées ».
Laura Soler-Vasco a ensuite déroulé l’effet des différentes mycotoxines sur la reproduction : « l’aflatoxine B1 affecte la qualité du sperme des reproducteurs en diminuant la testostérone. À noter : les reproducteurs exposés pendant la période périnatale conservent cet effet à vie. La même origine hormonale provoque une atrésie folliculaire chez la femelle. Les truies exposées pendant la gestation verront leur portée affectée : porcelets de faible poids, portées plus petites par mort et résorption foetale, risque de déformation osseuse et viscérale, altérations du système immunitaire c’est-à-dire ces animaux sont davantage prédisposés aux maladies. »
Effets transgénérationnels
Plus fréquente en Europe, la fumonisine B1 produite par Fusarium est connue pour ses effets toxiques sur le foie, les reins et les poumons. Mais, parce qu’elle s’attaque à la synthèse des sphingolipides, élément important de la construction cellulaire, elle concerne aussi les fonctions reproductives : « diminution de la production de spermatozoïdes et altération de la croissance folliculaire ».
Le Don, connu sous le nom de vomitoxine par sa capacité à faire vomir, affecte certaines cellules de l’intestin dont la fonction est de contrôler la satiété, ce qui induit un effet anorexique. « Le Don inhibe la production de protéines au niveau cellulaire, ce qui produit une inflammation, notamment de l’appareil reproducteur avec, chez le mâle, un effet négatif sur la chaîne de production et de maturation des spermatozoïdes. Même chose chez la femelle par une altération de la maturation folliculaire et du développement embryonnaire. » Ce sont également des effets transgénérationnels : « une exposition in utero de deux à trois jours en fin de gestation génère, chez les porcelets, des concentrations très élevées de Don. Ils sont donc exposés plus longtemps. Cette exposition prolongée altère leur population cellulaire : leur système immunitaire est affecté et ils présentent des états pro-inflammatoires plus marqués », détaille-t-elle.
La zéaralénone a la particularité d'être plus ou moins toxique selon les espèces et selon la capacité de leurs enzymes à la métaboliser. Si le bovin n'y est pas sensible, le porc l'est particulièrement et la truie en production l'est davantage que la cochette prépubère. Les effets sont visibles sur la morphologie du système reproducteur : hyperplasie (gonflement), hyperémie (rougeur) et prolapse de la vulve. Cela engendre aussi une baisse des taux d'ovulation, une puberté précoce, ce qui raccourcit la vie productive ainsi que l'altération du cycle avec diminution de la prolificité. Chez le mâle : atrophie testiculaire, altération de la spermatogénèse. Les porcelets naissent avec des altérations comme les splaylegs.
Françoise Foucher

Edgar Orlando Oviedo-Rondon, professeur à l’université de Caroline du Nord, aborde l’utilisation des vitamines dans l’alimentation des animaux. « Les vitamines améliorent l’efficacité des voies métaboliques. La vitamine D intervient au niveau de l’immunité, la vitamine E agit comme un antioxydant et au niveau de la santé générale (augmente les performances vaccinales, réponses immunitaires), la vitamine K améliore la reproduction et aide à activer les facteurs de coagulation du sang. Enfin, la vitamine C intervient dans la synthèse du collagène, l’hydroxylation des acides aminés, diminue les myopathies et active la 25-(OH)-D3-1-hydrolase. » Les vitamines sont donc importantes dans le développement de plusieurs paramètres.
José María Hernández, responsable marketing ANH Vitamins Global, présente Optimum Vitamin Nutrition (OVN) qui est produit avec une très faible empreinte environnementale et « optimise la santé animale et le bien-être animal, les performances et la qualité de la viande ». Les niveaux de vitamines doivent être revus car il y a des changements industriels et règlementaires (diminution des antibiotiques, nouveaux défis), la recherche scientifique avance et les améliorations de la sélection génétique changent les besoins des animaux. Un essai en Espagne, en 2022, a montré que le produit OVN augmente les performances zootechniques à 28 jours et diminue la mortalité à 42 jours.
Sergio Fernández, consultant en nutrition de volailles confirme l’introduction d’Edgar Orlando Oviedo-Rondon : « les vitamines sont essentielles pour apporter les fonctions physiologiques fondamentales ». En effet, les vitamines représentent 0,025 à 0,1 % du poids de l’aliment ; 2 % du prix de l’aliment ; un tiers des ingrédients qui composent l’aliment et 100 % de fonctions métaboliques. Il existe quatre vitamines liposolubles (les vitamines A, D, E et K) et des vitamines hydrosolubles (les vitamines C et celles du groupe B).
Les vitamines C et E permettent, lors d’un stress thermique par exemple, d’avoir une meilleure production d’œufs. La vitamine D, quant à elle, permet d’augmenter le dépôt d’os cortical chez la poulette pondeuse et d’augmenter le développement osseux des poules pondeuses à 60 semaines.
Un essai en Chine, en 2011, avec OVN, a montré une augmentation des performances des poules pondeuses, en comparaison à une supplémentation en vitamines présentes sur le marché. « L’IC a diminué, le nombre d’oeufs par poule est passé à 251,2 (+ 2 %) et le taux de ponte par jour à 93,43 % », détaille Gilberto Litta, responsable ANH Vitamins Advocacy Global. Chez les poules pondeuses, OVN augmente les performances de ponte, la qualité des oeufs et permet de produire moins de déchets (- 200 t CO2 pour 100 kt d’alimentation pour poules pondeuses).
Éva Marivain