BNA : nutrition et sécurité digestive chez les volailles

Le 08/12/2010 à 12:22 par La Rédaction
Michel Magnin, directeur technique et innovation de la firme-services BNA.

Pour sa 5e journée technique consacrée aux volailles, BNA a choisi de faire le point sur l’hygiénisation de l’aliment, et de présenter ses recherches récentes sur les acides aminés et la sécurisation digestive. L’occasion de présenter un nouvel outil, Lutavol Obao, et un nouveau produit, Lutavol Synergex L.

Michel Magnin, directeur technique et innovation de la firme-services BNA, s’interroge : « En termes d’hygiénisation des aliments, peut-on faire mieux et moins cher ? » Certaines études montrent que le traitement thermique affecte la durabilité des granulés et peut parfois nuire à la consommation et donc aux performances zootechniques des volailles. D’autres essais montrent que les acides organiques n’ont pas un effet très rapide. BNA s’est penchée sur la question de l’addition des effets du traitement thermique et de ceux de l’acidifiant. Sandy Rouchouse, ingénieur de recherche à Tecaliman, a travaillé sur cette thématique de « l’étude de la synergie possible entre l’ajout de produits de type acidifiant à l’aliment et l’application de traitement thermique » dans le cadre du programme Syttac. « Le règlement européen zoonose (2160/2003) renforce la pression sur le risque microbiologique dans la filière nutrition animale, reconnaît-elle. L’agrément salmonelles mis en place en France par l’arrêté du 23 avril 2007 implique qu’en poules pondeuses et en dindes reproductrices l’aliment présente moins de 1 000 entérobactéries/g dans l’aliment et que la technologie de fabrication puisse abaisser le niveau de contamination bactérienne de 3 log. » Tecaliman a donc lancé l’étude Syttac pour répondre à cette réglementation. Sa première interrogation a porté sur l’influence de la granulation sur les entérobactéries. L’enjeu fut ensuite de définir des barèmes, associant température et durée de traitement, qui garantissent la réduction de 3 log de la population en entérobactéries, afin de construire un modèle de prédiction. « Mais la nécessité pour certains fabricants d’aliment d’augmenter leur température de conditionnement peut impliquer une consommation énergétique supplémentaire. Tecaliman a choisi de se pencher aussi sur cette problématique pour voir si cette pratique est économiquement et environnementalement responsable. »

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Le besoin en lysine du poulet de chair

Gaëtan Legrand, ingénieur volailles chez BNA, a présenté une étude sur les réponses zootechniques des poulets à des niveaux de lysine différents. Il a effectué une méta-analyse bibliographique à partir de 17 publications et 7 essais de BNA, soit 52 expérimentations entre 1999 et 2010 portant sur des poulets de chair de sexe mâle. Il montre qu’ « en terme de consommation, un plateau est atteint à 9 g/kg de lysine digestible. » Il s’interroge sur l’effet négatif sur la CMJ après 12 g/kg. Ces résultats prouvent que le GMQ évolue en fonction des niveaux de lysine digestible pour la phase démarrage/croissance, avec une croissance maximale autour de 11 g/kg de lysine digestible. L’impact semble négatif après 12 g/kg. Pour la phase finition/retrait, l’ajustement des niveaux de lysine digestible à la consommation maximale journalière atteint son maximum à 156 g/j, le GMQ atteint lui son maximum à 87,6 g/j. Il en conclut  « qu’en phase démarrage/croissance, la réponse de la consommation et du GMQ aux niveaux de lysine digestible est croissante jusqu’à un taux calculé de 10,8 g/kg. En phase de croissance, GMQ et consommation répondent positivement jusqu’à un taux de 9,5 g/kg de lysine digestible, et en finition jusqu’à 10,4 g/kg de lysine. » Il observe que les performances obtenues avec ces modélisations sont conformes aux performances observées sur le terrain en 2010. BNA envisage donc d’intégrer dans ses modèles un lien entre la phase démarrage/croissance et finition/retrait et de pousser la réflexion pour faire intervenir d’autres nutriments dans ses modèles de réponse : EM, PB, lys/PB, etc.

En terme concret, cela se traduit d’ores et déjà par un nouvel outil de modélisation, qu’a présenté Anne Mahieu, chef de produit volaille : « Lutavol Obao est un outil d’aide à la formulation qui permet de déterminer le niveau de lysine digestible en fonction d’une performance souhaitée. » Le nombre d’informations à saisir est limité pour faciliter l’utilisation de l’outil : âge et poids en fin démarrage, en fin de croissance et à l’abattage, l’IC à abattage. En fonction de ces données, le logiciel calcule un programme alimentaire établissant les niveaux de lysine digestible (g/Kg) par phase, démarrage-croissance (0 à 21 jours) puis finition-retrait (22 jours à l’abattage). « Le modèle indique le potentiel de performances zootechniques de la gamme dans des conditions optimales », précise-t-elle.

Au rang des limites, ce modèle n’est construit qu’avec des données d’essais réalisés sur mâles, aussi BNA s’interroge sur son efficacité sur les femelles par rapport aux besoins de celles-ci. Par ailleurs, dans les perspectives de développement de son outil, BNA pourrait intégrer d’autres critères comme l’EM, la protéine, les interactions lysine /EM et protéine /lysine. Enfin, ce modèle construit sur les expérimentations Ross et Cobb pourrait s’ouvrir à des spécificités génétiques. « Des coefficients correcteurs de +/- 5 % sont déjà prévus pour tenir compte du poids des poussins, d’un statut sanitaire particulier, d’un problème de densité, du niveau de technicité de l’éleveur et de la mixité du lot (% mâles – femelles). »

La sécurité digestive

Le dernier point évoqué lors de cette journée concernait la sécurité digestive. Notamment l’intérêt du Natugrain TS en poules pondeuses et en reproductrice. Pascal Jeanmichel, chef de produit volaille, rappelle que ce mélange de ß-Xylanase et ß-Glucanase est produit par 2 souches d’Aspergillus niger ayant incorporé les gènes encodant ces enzymes, d’un champignon thermotolérant Talaromyces emersonii. Il a présenté un essai mené à Schothorst, Pays-Bas, en 2007, sur des régimes à base de blé et seigle chez la pondeuse, et dont les résultats montrent les effets significatifs des enzymes sur la baisse de la consommation d’aliment et l’amélioration de l’IC, ainsi que sur l’amélioration de la propreté des oeufs (entre 26 et 52 semaines), et le ratio eau /aliment qui a tendance à diminuer. Un autre essai mené cette fois en France, en station, par BNA, sur une formule à base de maïs-blé avec un régime témoin et des produits concurrents, ne met pas en évidence d’écart sur la production journalière d’oeuf, mais une baisse de la consommation aliment et de l’IC, une baisse de la consommation en eau et une amélioration de la qualité des fientes (d’après les notes de cage et la teneur en MS) en faveur du Natugrain TS.

Anne Mahieu a complété la présentation de l’offre de BNA en terme de sécurité digestive en présentant Lutavol Synergex. Cette spécialité est formulée à base d’acide formique, pour sa capacité à limiter la croissance des bactéries gram nég, d’huiles essentielles d’origan (carvacrol et thymol) qui inhibent la prolifération des bactéries telles que E coli et clostridies en lésant leurs membranes cellulaires, et sont des substances anti-oxydantes et de MHA (méthionine hydroxy analogue). « L’objectif majeur du produit est la gestion des litières pour laquelle son utilisation est recommandée autour des transitions alimentaires. L’autre effet supposé est de favoriser le démarrage. Dans cette optique, il s’administre de 0 à 12 jours et son intérêt est d’orienter la flore digestive, limiter le stress oxydatif des premiers jours et dynamiser le métabolisme hépatique. » Ainsi le coût de traitement varie selon ces deux modalités d’utilisation : en amélioration de la phase démarrage BNA préconise 5 l pour 25 000 poulets, soit 42,5 € /25 000 poulets c’est-à-dire 3,5 c d’euros /m2. En amélioration du démarrage et maîtrise de la qualité des litières, la préconisation est de 20 l pour 25 000 poulets, soit 160 € pour 25 000 poulets, c’est-à-dire 13 c d’euros /m2...

Françoise Foucher

... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 641 - novembre 2010