Vetagro : investir pour innover durablement

Le 27/03/2013 à 15:03 par La Rédaction

Depuis 30 ans, Vetagro perfectionne la technique de micro-encapsulation de nutriments et d’additifs pour ses produits. Face à un marché fort concurrentiel, l’entreprise choisit d’investir afin de garder une longueur d’avance durable. Ses dernières actualités ? Une nouvelle usine en Italie et une gamme d’additifs zootechniques innovante et reconnue par l’Efsa. Rencontre.

Andrea Piva, président de Vetagro : « Maintenir notre position de leader européen en matière d’acidifiants encapsulés. »
Andrea Piva, président de Vetagro : « Maintenir notre position de leader européen en matière d’acidifiants encapsulés. »

Andrea Piva, président de Vetagro, nous accueille dans sa nouvelle usine, située à Reggio Emilia en Italie. Depuis 2009, elle est le nouveau siège de la société comprenant également 2 autres sites de fabrication (Italie et Canada). « En devenant président de l’entreprise en 2003 et afin de maintenir notre position de leader européen en matière d’acidifiants encapsulés, mon programme visait, et vise toujours, 3 priorités : l’innovation produit avec notamment un service R&D et qualité dynamique et le dépôt de brevets internationaux, le développement de la technologie de micro-encapsulation et une commercialisation à l’export plus étendue », indique le président. Vetagro annonce un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros et emploie une trentaine de personnes. Parallèlement enseignant-chercheur à l’université de Bologne et partenaire d’universités américaines, M. Piva participe à des programmes de recherche sur la microflore intestinale, les process d’absorption et la santé liés aux animaux. Cette double casquette lui permet de lier son expertise et ses découvertes scientifiques au développement de nouvelles techniques de micro-encapsulation. Son principal objectif est d’adapter chacune de ses formules à chaque physiologie digestive animale étudiée. L’entreprise propose plusieurs gammes répertoriant une cinquantaine de produits au total encapsulés et protégés pour ruminants, porcs et volailles : acides aminés (lysine, méthionine…), acides organiques et huiles essentielles, choline, complexe zinc, complexe de vitamines, enzymes…

Une technologie « unique »

Suite à de nombreuses recherches, Vetagro a développé un procédé de micro-encapsulation original. Les actifs, sous forme de mélange homogène, sont injectés en fines gouttelettes dans une matrice lipidique (graisse végétale hydrogénée) grâce à la technique de spray chilling. La proportion actifs/matrice est de 50/50. Cela permet de travailler avec des matières premières sèches ou plus ou moins liquides (comme les oméga-3 sous forme d’huile). « Nous avons décidé de ne pas utiliser de matières premières d’origine animale ou OGM », précise M. Piva qui souhaite garantir des produits avec le moindre risque sanitaire tout au long de la chaîne de fabrication. La granulométrie choisie dépend en partie de l’anatomie digestive des espèces : « Par exemple, le tube digestif de la volaille est court et très fin, les « gouttelettes » d’actifs seront donc plus fines », indique Florence Rudeaux, experte technique volaille et coordinatrice technique et commerciale pour Vetagro. Cette méthode permet donc aux actifs d’être libérés plus au moins rapidement selon la capacité digestive et le temps de transit de chaque espèce, notamment en by-pass ruminal. M. Andrea rappelle que le temps de transit de référence pour la volaille est de 5 à 9 heures, pour la vache de 12 à 36 heures et pour le porc de 30 à 38 heures ; des différences à ne pas négliger lors des formulations. Cette technique permet également d’éviter des interactions négatives entre certaines molécules (par exemple la choline). Un autre atout : cette méthode réduit les odeurs et améliore donc l’appétence des produits. Elle apporte également une protection des actifs contre les agents environnementaux tels que la lumière, la chaleur, l’oxydation et l’humidité que l’on peut retrouver dans leur future utilisation.

Trois générations de produits

Les premiers produits phares de l’entreprise furent des acides aminés « rumen protégés » apportant une réponse aux ruminants présentant des symptômes de carence. Les recherches en nutrition furent ensuite basées sur le potentiel santé des acides organiques. Trois générations de produits ont vu le jour. La première s’est principalement concentrée sur l’encapsulation de ces acides organiques afin d’optimiser leur action. Progressivement et au fil des connaissances, une deuxième génération a permis de mettre en avant la synergie possible entre ces acides organiques et des huiles essentielles, dans le maintien de l’équilibre de la flore digestive. En effet, il a été prouvé que l’association d’acides organiques à certaines huiles essentielles pouvait augmenter la perméabilité membranaire des bactéries. Le pouvoir antibactérien de ces acides associés est donc supérieur par rapport aux acides organiques « libres » grâce à la découverte de cette synergie. En essayant de maintenir leur pH, les bactéries pathogènes (sensibles au pH) vont donc s’épuiser plus rapidement et leur action sera inhibée.

La 3e génération, composée de deux produits, propose une action plus performante de cette association d’actifs. Aviplus P, destiné aux volailles, a reçu son agrément comme additifs zootechniques (4d 3) au mois de septembre 2012. « Au niveau européen, il est l’un des premiers additifs zootechniques encapsulés pour la volaille à être reconnu par l’Efsa », indique M. Piva. Deux ans plus tôt c’était l’Aviplus S, destiné aux porcs, qui avait reçu son autorisation. La formulation de ces deux additifs se compose de 4 actifs : acide citrique, acide sorbique, thymol et vanilline. Andrea Piva précise que les huiles essentielles choisies comme matières premières sont, lorsque cela est possible, de synthèses et cela pour une raison précise : leur composition est plus homogène et régulière et ce choix limite la présence de substances indésirables.

Les combinaisons de molécules développées par la société mais aussi tout le process de fabrication sont brevetés. Cet investissement d’une dizaine de milliers d’euros par an est un choix stratégique pour Vetagro. Les brevets sont déposés en Europe, USA et Canada.

Production et qualité améliorées

Outre les avantages nutritionnels et technologiques, cette technique a également des effets positifs sur le process de fabrication : elle améliore la sécurité et la manipulation par les ouvriers qui ne sont pas au contact des produits directement, elle réduit la formation de poussières et on remarque également une diminution de la corrosivité de l’usine.

L’ensachage et la mise sur palette sont entièrement automatisés.
L’ensachage et la mise sur palette sont entièrement automatisés.

Les besoins techniques particuliers pour fabriquer ses produits ont poussé Vetagro à créer son propre matériel, ceci expliquant le dépôt d’un brevet process dans plusieurs pays. Le bâtiment, construit en L, se dessine tout d’abord avec la zone de réception et stockage des matières premières. S’enchaînent ensuite 2 lignes parallèles de production, identiques, avec pour chaque produit la même technique : mélange des matières premières, passage en spray-chilling, tamisage (effectué dès le début afin de rectifier rapidement si celui-ci présente un défaut), et ensachage en big-bag ou sacs de 25 kg. La zone de stockage de produits finis se situe dans la continuité de la production assurant ainsi la marche en avant et évitant toute contamination croisée. Tout a été pensé pour assurer au maximum la sécurité et le bien-être des salariés : ensachage et mise sur palette automatisée, aspiration de poussière, formation régulière du personnel aux bons gestes de sécurité et « aux gestes qui sauvent » (un défibrillateur a même été installé au sein de l’usine)... Les zones de stockage et de production s’étendent sur 5 000 m2.

Le docteur Maurizio Tedeschi, responsable qualité, présente le laboratoire R&D et qualité : depuis l’année 2000 la société a entrepris une démarche qualité forte et celle-ci est certifiée Fami-QS, HACCP, Iso 22000, Iso 9001 et Codex Assalzoo (Codex Alimentarius au niveau de l’Italie). La traçabilité est assurée par des contrôles et suivis dès la réception des matières premières jusqu’au produit fini. Outre des contrôles visuels, des vérifications des certifications et d’une mise en échantillothèque, le laboratoire possède une HPLC permettant d’identifier et de vérifier la pureté des matières premières. Chaque produit fini est également analysé selon la formule définie, sa qualité, sa granulométrie… Toute non-conformité, à n’importe quel niveau du processus, est vite détectée et corrigée. La méthode par code-barres a été choisie pour assurer la traçabilité de tout produit. Un partenariat avec des centres agréés GMP + leur permet de tester et valider l’efficacité de chaque formule. Ce procédé est très utile notamment dans l’élaboration des dossiers techniques de demande d‘autorisation auprès de l’Efsa.

Caroline Morice

Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 664 - mars 2013