Fin novembre, Valorex et l’UMR Oniris-Inra ont présenté les résultats de la première étude épidémiologique mondiale réalisée pour la nutrition animale. La méthodologie et l’analyse des résultats ont été expliquées par les deux équipes.
Depuis 1993, Valorex valorise les graines de lin, riche en acide alpha-linolénique, en alimentation animale, grâce notamment à un procédé de cuisson breveté. Des études et des recherches ont rapidement été menées afin de démontrer son efficacité en nutrition animale (meilleure santé des animaux, fertilité et performance) mais également en nutrition humaine. Valorex est donc convaincue que la cuisson de la graine de lin selon son process a des effets positifs. Il existe cependant un écart entre ce qu’en disent les scientifiques, à partir des expérimentations encadrées et limitées en effectif et en durée d’une part, et les résultats obtenus des éleveurs utilisateurs en conditions réelles, d’autre part.

Approche épidémiologique
C’est pour cela que Valorex a souhaité réaliser une étude épidémiologique qui apporte un regard scientifique différent basé sur des résultats obtenus sur le terrain. Cette approche, menée exclusivement sur la graine de lin cuite selon le procédé unique de Valorex, a pour objectif de valider définitivement son savoir-faire dans la cuisson des graines et son expertise en termes d’emploi et de prouver son intérêt technique et économique en élevage laitier.
Valorex s’est rapproché de l’UMR-Oniris Bioepar pour répondre à cette problématique. L’étude est conduite depuis février 2015 par le doctorant Thomas Meignan. Sa thèse est dirigée par Nathalie Bareille, professeur à l’UMR-Oniris Bioepar, et co-encadré par Cyril Lechartier de l’unité de recherche sur les systèmes d’élevage à l’École supérieur d’agriculture.
Deux objectifs ont été définis pour ce projet : l’évaluation de l’impact de l’utilisation de la graine de lin cuite selon le savoir-faire Valorex sur les performances laitières, de reproduction et la santé des vaches laitières, et l’évaluation du rapport coût-bénéfice de différentes stratégies d’apport de la graine de lin cuite dans différents contextes d’élevage en France.
Valorex tient à souligner que « c’est la première fois qu’une étude épidémiologique cherche à évaluer le rôle préventif de la nutrition animale ».
Méthodologie
Une base de données épidémiologique conséquente a été mobilisée. Huit années d’études, entre 2008 et 2016, ont été analysées. Vingt structures distribuant des aliments aux éleveurs et réparties sur toute la France ont permis la création d’un fichier répertoriant les livraisons d’aliments contenant de la graine de lin. 4 979 troupeaux ont permis de compléter les données. 1 997 763 contrôles laitiers ont été étudiés pour évaluer les effets de la graine de lin sur la quantité et la composition du lait. Et 423 605 inséminations artificielles ont été analysées pour savoir si les graines de lin ont un effet sur leur réussite.
L’étude repose sur le croisement des données de livraison d’aliments contenant des graines de lin Valorex et de bases de données nationales (performance de production laitière, de reproduction, etc.). Ce rapprochement s’est fait de façon anonyme à travers le numéro EDE (Etablissement départemental de l'élevage).
La sélection des élevages s’est faite également selon plusieurs critères (numéro EDE, contrôle laitier, nombre de livraisons d’aliments, inséminations artificielles et non la monte naturelle, etc.). Sur les 4 979 troupeaux de base, 1 096 ont été retenus, de races Holstein.
Les quantités de graine de lin reçues par vache et par jour ont été estimées à partir de la quantité d’aliments livrée, de leur teneur en graine de lin, de la durée entre deux livraisons et du nombre de vaches en lactation sur la période. Les données alimentaires ont été classées en quatre doses (en g par vache et par jour : 27 g, 173 g, 427 g et 789 g) de supplémentation en graine de lin dans les rations.
Intérêts techniques
Les résultats de l’étude mettent en évidence plusieurs points. Tout d’abord, il est démontré que la graine de lin améliore la production laitière. « La vache moyenne, de cette étude, produit entre 13 et 22 g de matières grasses en plus par jour et entre 18 et 32 g de matières protéiques en plus par jour, par rapport à une vache nourrie sans graine de lin », annonce l’équipe de recherche. La graine de lin améliore également les performances de reproduction des troupeaux laitiers : « On note que la graine de lin a un effet sur la fécondité des vaches, et cela quelle que soit la dose administrée. L’étude montre en effet un intervalle entre vêlage et insémination fécondante réduit de cinq jours pour les vaches nourries avec de la graine de lin. »
Et intérêts économiques
Les résultats économiques en élevage laitier sont calculés à l’aide d’un simulateur de troupeaux qui a requis vingt ans de développement à l’UMR Oniris-Inra Bioepar. Il a fait l’objet d’une publication en 2017 validant sa méthodologie. Il s’agit d’un modèle individu-centré, dynamique et mécaniste. Il permet de représenter, chaque jour, le troupeau en permettant notamment d’intégrer la diversité des individus et la variabilité de leurs réponses biologiques (production, reproduction, événements sanitaires). Les décisions de l’éleveur peuvent être prises finement selon les caractéristiques individuelles des animaux. Et les ventes de produits et achats d’intrants qui forment, in fine, le résultat économique annuel de l’activité, via la marge brute de l’atelier laitier, sont prises en compte.
Le calcul du surcoût de l’introduction de graines de lin dans les rations, en substitution d’autres aliments, est également effectué. « Pour chaque kilo de produit contenant 70 % de graines de lin cuites Valorex qui substitue 1,3 kilo d’un mélange tourteau de soja-blé, le surcoût s’élève à 0,27 euro par vache et par jour, soit 0,38 euro par kilo de produit équivalent 100 % graines de lin. »
L’étude montre que si « l’on soustrait à la marge globale annuelle ce surcoût, il reste un bénéfice pour l’éleveur de 79 euros pour une dose moyenne de 27 g de graines de lin/vache/jour, jusqu’à 1 505 euros pour une dose moyenne de 173 g/vache/jour et cela par an et pour un troupeau de 50 vaches laitières. Ces résultats soulignent qu’il ne suffit pas de supplémenter les rations des vaches laitières en graines de lin pour obtenir des résultats. Il faut que l’éleveur réfléchisse à une dose optimisée et préconisée en collaboration avec Valorex ».
Pour les équipes, « cette étude épidémiologique valide de manière définitive l’expertise de Valorex au bénéfice de résultats techniques et économiques auprès des éleveurs, et conforte l’entreprise dans ses convictions. Elle pourra être complétée par des données relatives à la santé des vaches laitières (mammites subcliniques, etc.). Il s’agit d’un socle scientifique complémentaire aux expérimentations en stations ».
C. Morice