République tchèque : objectif 600 000 t d'aliment pour AFEED

Le 04/05/2012 à 9:00 par La Rédaction

Appartenant à la holding Agrofert, acteur clé du paysage agricole et agroalimentaire tchèque, AFEED est le premier fabricant tchèque d'aliment du bétail. Rencontre avec son directeur général à Hustopece au sud de la Moravie.

« Nous sommes toujours dans un processus de restructuration qui n'est pas terminé et je ne pourrai pas tout vous dire. » Marek Kumprecht est à la fois membre du bureau de la Fefac et directeur général d'AFEED CZ, une société de service créée le 1er janvier 2011 et faisant partie de la holding Agrofert, de loin le groupe agroalimentaire le plus important de l'économie tchèque et slovaque. Il nous reçoit à Hustopece, sur le site d'une des onze usines d'aliment d'AFEED en Moravie du sud. (...) La présence d'immenses silos à proximité de l'usine nous interpelle dès notre arrivée, l'occasion pour Marek Kumprecht de faire un flash-back sur l'histoire agricole de la République tchèque afin de mieux comprendre les étapes de création d'AFEED.

Entrée de l'usine de Hustopece avec à l'arrière les silos issus de l'organisation historique tchèque.

(...) La privatisation de l'économie tchèque qui intervient au début des années 90 donne ensuite naissance à Agrofert le 25 janvier 1993. Agrofert est aujourd'hui le principal producteur d'aliment tchèque, avec une production totale d'environ un million de tonnes d'aliments composés. « La production totale d'aliments tchèque est estimée à environ 2,7 millions de tonnes par an », précise Marek Kumprecht qui ajoute qu'il faut compter sur ce total moins de 2 millions de tonnes d'aliments composés produits industriellement, le reste étant produit dans les exploitations. Pour mémoire, le deuxième producteur d'aliment de République tchèque est le polonais De Heus, loin derrière avec 150 000 t par an.

Un leadership croissant

Puis nous rentrons un peu plus dans le détail pour comprendre la réalité complexe de la production d'aliments de la holding Agrofert. Celle-ci repose dans la pratique sur trois sociétés : la plus importante est de loin AFEED, qui compte onze usines en Moravie et Bohème de l'Est plus une en Slovaquie, avec une production d'aliments de 550 000 t en Tchéquie et 65 000 t en Slovaquie. Les deux autres sociétés sont : ZZN Pelhrimov, basée au sud de la Bohème et qui compte deux usines produisant au total 140 000 t par an, puis Primagra, à l'Ouest de la Bohème, qui produit 220 000 t d'aliment dans ses quatre usines.

Marek Kumprecht, directeur général d'AFEED CZ, devant l'entrée de l'usine de Hustopece.

Ayant démarré sous forme d'une marque il y a trois ans, AFEED a progressivement pris le leadership de la production d'aliments au sein d'Agrofert. En 2008, AFEED Slovaquie devient seul responsable des achats de premix et d'additifs pour tout le groupe Agrofert. Puis les deux entités AFEED Slovaquie et AFEED Tchéquie finissent par ne plus faire qu'une seule structure : AFEED CZ, également en charge des achats de matières premières pour la holding Agrofert.

Marek Kumprecht, qui a 18 ans d'expérience dans le premix (...), rejoint Agrofert en novembre 2010 comme directeur général d'AFEED. « AFEED démarre ses activités en tant que société de trading et de services qui peu à peu couvrira toute la branche aliment d'Agrofert », précise notre interlocuteur, qui prend progressivement et naturellement la fonction de directeur des activités aliment d'Agrofert sans en avoir le titre officiel. Marek Kumprecht nous montre même l'organigramme d'Agrofert pour la partie aliment du bétail, celle-ci comportant cinq divisions (trading, ventes, opérations, finance, qualité) et trois branches régionales (correspondant aux régions respectivement couvertes par AFEED, ZZN Pelhrimov et Primagra).

La volaille en tête

(...) Quant à la répartition de la production d'aliment d'AFEED par espèce, la volaille, de loin le secteur le plus dynamique, arrive en tête (330 000 t d'aliment en 2011), suivi de l'aliment porc (150 000 t), puis de l'aliment bovin (40 000 t) et autres productions (30 000 t). « Le poulet de chair est une production majeure pour Agrofert qui représente 70 % du marché tchèque de la volaille », précise Marek Kumprecht qui ajoute que la production d'œufs de consommation arrive en deuxième position (Agrofert est propriétaire de deux exploitations représentant 10 % du marché tchèque de l'œuf). Si l'ensemble des usines d'Agrofert produit environ 1 million de tonnes d'aliments par an, un tiers de cette production est destiné aux propres exploitations d'Agrofert, un autre tiers aux exploitations intégrées de volailles et porcs appartenant à des éleveurs indépendants, le dernier tiers restant étant pour le marché libre.

Restructuration

Au-delà du trading et de l'achat de matières premières, AFEED a pour mission de maintenir le parc des usines d'aliments d'Agrofert, un processus de restructuration ayant lieu depuis quelques années. « Nous avons fermé 13 usines en deux ans en Tchéquie et trois en Slovaquie », rappelle Marek Kumprecht, dont l'objectif est d'atteindre une capacité de 70 000 à 120 000 t par usine d'aliment. Ce qui explique que sur les onze usines que compte actuellement AFEED, deux sont en train de fermer. Même tendance pour Primagra qui gardera bientôt plus que trois usines sur les quatre. « Nous n'achèterons probablement pas d'autres usines à l'avenir », affirme Marek Kumprecht, qui souhaite plutôt focaliser les investissements sur l'amélioration de la qualité des aliments produits.

« La structure de l'aliment et le broyage sont deux éléments importants qui agissent sur les performances des animaux », mentionne notre interlocuteur qui a mis en place un groupe centralisé de formulation composé de quatre spécialistes dont le rôle est d'optimiser les formules. À ceci il faut ajouter l'introduction de nouveaux logiciels (Adifo) et l'amélioration du système de contrôle qualité via deux laboratoires situés respectivement en Bohème et en Moravie. L'objectif affiché du directeur général d'AFEED est de faire tourner à plein régime les usines existantes en fermant celles qui ont les coûts de production les plus élevés. L'usine de Hustopece, où nous nous sommes rendus, est l'une des plus récentes du groupe, datant de la fin des années 90. Des investissements légers vont faire passer sa capacité de 100 000 à 120 000 t d'aliment par an. (...)

Philippe Caldier

... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 655 - avril 2012