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Provimi : volailles reproductrices : des coqs aux poussins, toute la filière y gagne
Le16/03/2015à11:22parLa Rédaction
Provimi a centré sa journée technique, consacrée aux volailles, sur les animaux reproducteurs. Une thématique dense qui a séduit la filière dans son ensemble : firmes-services, fabricants d’aliments, mais également accouveurs et fournisseurs de génétique étaient présents pour bénéficier des dernières avancées de la recherche du groupe Cargill en la matière.
L’équipe volaille Provimi a organisé un forum dédié aux animaux reproducteurs en janvier dernier.
Alain Corniaux, responsable scientifique avicole Provimi, a introduit le forum Repro, organisé par Provimi, en rappelant que « la recherche sur la nutrition des reproducteurs a pour but d’améliorer la qualité des poussins et la performance de ces derniers en vue d’obtenir une meilleure qualité de viande et un coût de la tonne réduit ».
Il a commencé par évoquer le transfert des nutriments de la poule à l’œuf puis à l’embryon, en présentant une synthèse bibliographique sur les vitamines et les oligo-éléments. « L’efficacité du transfert dépend de la vitamine considérée, a-t-il rappelé. Si elle est de 60 à 80 % pour la vitamine A, à l’opposé, la vitamine E a un taux de transfert faible de l’ordre de 15 à 25 %. Or elle a un impact sur le poids de la descendance, qu’elle améliore notablement quand les reproducteurs sont supplémentés ou quand l’embryon en reçoit in ovo.Son effet est encore plus important sur les performances de croissance des poulets. C’est pour cela qu’il est important de chercher des solutions pour palier l’inefficacité de ce transfert, par exemple par des sources indirectes comme les antioxydants qui permettent d’économiser la vitamine E. » Alain Corniaux a décliné une série d’essais, présentée dans la bibliographie, qui rappelle l’intérêt de chaque vitamine : les vitamines B12 et B2 ont un impact sur la mortalité en début et fin d’accouvage via leur effet sur l’éclosion, la vitamine C est intéressante pour les mâles, la D3 joue un rôle indirect sur la qualité de la coquille par son effet sur l’éclosabilité. Si la vitamine A présente peu d’intérêt pour les performances de la descendance, il rappelle qu’il faut « faire attention aux surdosages, car il existe un antagonisme entre les vitamines A et E : il faut augmenter les niveaux en parallèle pour éviter les effets négatifs ». La vitamine D présente des effets positifs sur la descendance mais son incorporation est contrainte par le seuil de 3 000 Ui/kg en Europe : « Nous avons tout intérêt à trouver de nouvelles formes plus efficaces et disponibles. »
Concernant les minéraux, Alain Corniaux préconise de favoriser les apports organiques de sélénium, zinc et manganèse : « Les formes inorganiques se dissocient complètement sous l’effet du pH acide du proventricule et du gésier, explique-t-il. Les chélates eux, sont stables quels que soient les niveaux de pH. L’absorption des formes inorganiques est ionique avec une compétition entre les sites d’absorption dans le duodénum, tandis qu’elle est peptidique et sans compétition dans le duodénum et dans le jéjunum et l’iléon pour les formes organiques. »
Vitamine E et antioxydants
Yann Fournis, chef de produit volaille, a présenté le Proviox 50, mélange de substances antioxydantes.
Yann Fournis, chef de produit volaille, a présenté le Proviox 50, association de flavonoïdes et polyphénols extraits de pépins de raisin et oignons, et d’extraits végétaux sélectionnés pour leurs fonctions anti-inflammatoire et antibactérienne : « Ce mélange de molécules, aux propriétés antioxydantes, est proposé par Provimi pour remplacer partiellement la vitamine E. » Alain Corniaux et Marine Maudoux, chef produit volaille, ont ensuite présenté une série d’essais menée pour démontrer les effets du Proviox en remplacement partiel de la vitamine E, sur les performances des animaux reproducteurs, la qualité des œufs et des poussins ainsi que sur les performances de la descendance : « C’est un schéma expérimental complexe et long qui a concerné des animaux sur plusieurs générations, souligne Marine Maudoux. Le schéma expérimental a constitué à distribuer pendant 4 puis 8 semaines des aliments expérimentaux faisant varier les niveaux d’incorporation de vitamine E substitués par le Proviox aux reproducteurs. Leurs œufs ont été analysés. Puis l’effet rémanent a été testé, en reprenant les animaux 1 mois après l’arrêt des traitements et en analysant leurs performances. Enfin, la distribution expérimentale a repris une nouvelle fois sur ces poules, âgées de 56 semaines, avec à nouveau des analyses des effets sur la descendance et observation de la rémanence des traitements, repris une dernière fois sur ces reproductrices alors âgées de 68 semaines. »
« Globalement, le remplacement partiel de la vitamine E par le Proviox ne dégrade pas les performances de reproduction, a conclu Alain Corniaux. Cette stratégie permet d’en assurer le maintien à la fois sur les critères de ponte, la qualité des poussins et la performance de la descendance. » Les essais ont même mis en évidence une amélioration des taux de ponte en fin de période de ponte. « Les poules continuent à bien valoriser les antioxydants dans une sorte d’effet anti-âge », analyse Marine Maudoux. Sur toute la période de test, le taux d’œufs cassés est clairement amélioré par la substitution de la vitamine E par le Proviox et encore plus en fin de lot. Quant aux critères de qualité de la phase accouvage, il ressort de ces essais que la fertilité et l’éclosabilité sont peu impactées. « Mais le poids des poussins est clairement amélioré grâce à la meilleure résorption du sac vitellin, observe Alain Corniaux. Enfin, ces essais ont montré de façon répétée quele statut antioxydant des embryons est amélioré par l’apport de Proviox. Cet élément est prouvé par l’augmentation mesurée du niveau de glutathion dans le foie. Ce meilleur statut antioxydant peut expliquer en partie l’amélioration de l’éclosabilité que nous avons observée ponctuellement alors que les embryons avaient été stressés à l’occasion d’un problème technique inopiné sur l’incubateur. »
Un autre paramètre s’est vu amélioré de façon répétée au cours de cet essai au long cours : la qualité et la solidité de la coquille, avec une réduction du nombre d’œufs cassés. Globalement, Provimi se réjouit d’avoir observé « de meilleurs GMQ sur la descendance, une amélioration de la consommation d’aliment et un gain de l’IC ».
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Un nouveau centre de recherche : 3,7 millions d’euros investis à Velddriel aux Pays-Bas
Le groupe Cargill vient d’investir 3,7 millions d’euros dans son centre de recherche de Velddriel, aux Pays-Bas. Cette unité d’expérimentation complète le centre de Elk Rivers aux États-Unis. Velddriel dispose de porcs et de vaches, mais l’investissement a surtout concerné la partie volaille, avec l’installation d’une nouvelle salle dédiée aux reproducteurs. Celle-ci compte 24 cases, permettant d’abriter plus de 300 animaux de souche Ross. « Les principaux sujets de recherche que nous y explorons sont les effets de la courbe de croissance des reproducteurs sur la productivité et leurs impacts sur les performances de la descendance, explique Ad van Wesel, le responsable du centre. Nous travaillons aussi sur les programmes alimentaires, comme les niveaux de protéines et de phosphore pendant les premiers jours de vie. Nous avons un programme d’essais sur le mode d’action du Proviox et son effet sur la qualité des coquilles et les performances de la descendance, etc. »
L’installation est complétée par une salle de bio-essais qui permet de mener des tests sur les poussins nés du site in ovo.
Le récent investissement a également permis l’installation de l’unité de bio-essais qui comprend le centre de recherche in ovo. « Héritée de la technique de vaccination des œufs, la nutrition in ovo permet de délivrer spécifiquement les nutriments choisis sur le site d’absorption intestinal embryonnaire », décrit Henk Enting, directeur technique volaille du groupe Cargill, invité par l’équipe française au forum Repro. L’unité in ovo dispose de 2 incubateurs de 2 160 œufs chacun, qui offrent la possibilité d’individualiser chaque œuf afin d’en suivre l’évolution spécifique. Il permet de réaliser des essais en 24 traitements (soit des groupes de 10 œufs avec 9 répétitions). « La technique in ovo nous permet d’affiner nos connaissances sur la nutrition de la phase pré-starter, discriminer des additifs en comparant leurs effets sur le développement et les tissus embryonnaires, l’implantation de la flore intestinale. Cet outil permet aussi de tester le potentiel toxique de certains composants et de travailler sur le stress oxydant. » L’installation est complétée par une salle de bio-essais qui permet de mener des tests sur les poussins nés du site in ovo grâce à 72 parquets accueillant jusqu’à 6 animaux chacun jusqu’à 21 jours.
Françoise Foucher
Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 684 mars 2015