Cheval : Les nouvelles recommandations alimentaires de l’Inra

Le 12/04/2012 à 9:51 par La Rédaction

Le 2 mars dernier, l’Inra, en partenariat avec l’Aftaa (1), l’AFZ (2), l’IFCE (3), l’Avef (4) et l’Institut de l’Elevage, présentait les nouvelles recommandations pour la nutrition et l’alimentation du cheval à Paris, dans les locaux d’AgroParisTech.

Dès 1984, l’Inra publiait les bases scientifiques de nouveaux systèmes nutritionnels et les premières recommandations alimentaires pour les chevaux. Précisées et développées en 1990, ces connaissances sont réactualisées par l’Institut et compilées dans un ouvrage « Nutrition et alimentation des chevaux » (Éditions Quae), pouvant être complété par le logiciel de calculs de ration EquInration. Cette nouvelle édition ne bouleverse pas le système existant mais affine les connaissances accumulées depuis l’édition de 1990 et s’ouvre à un horizon de recherche élargi aux chevaux athlètes et aux poneys.

Fruit d’un travail collectif de chercheurs de l’Inra et de l’Institut français du cheval et de l’équitation, cet ouvrage présente les nouveaux systèmes nutritionnels établis pour le cheval. Le livre comprend aussi les tables de la composition et de la valeur nutritive de 170 fourrages et 80 aliments concentrés ou sous-produits végétaux.
Un système UFC revisité

Deux principaux changements ont été apportés au système énergie nette, dit système UFC (Unité Fourragère Cheval). La première est une réévaluation de la valeur énergétique nette d’un kilogramme brut d’orge de référence (87 % de MS), soit 1 UFC. Elle a été réévaluée pour atteindre 2 250 kcal, soit une augmentation de plus de 2 %. Le deuxième changement est la prise en compte du coût énergétique de l’ingestion dans le calcul du rendement de l’utilisation de l’énergie des aliments pour l’entretien, Km. « Nous avons pu mesurer que le coût énergétique par unité de poids d’aliment consommé par kilogramme de poids vif d’animal est 5 fois plus élevé lorsqu’il s’agit d’un fourrage que lorsqu’il s’agit d’un concentré », indique William Martin-Rosset, chercheur et responsable de la nutrition équine à l’Inra. L’énergie métabolisable (EM) d’un aliment est alors corrigée par le Km ou le Kmc (Km corrigé du coût de l’ingestion des fourrages) pour obtenir l’énergie nette (EN) correspondante. Ces deux modifications conduisent à une diminution des valeurs UFC des aliments importante pour les fourrages, moindre pour les sous-produits et légère pour les aliments concentrés. (...)

Dans le système MADC (Matières Azotées Digestibles Cheval), les digestibilités réelles des aliments dans l’intestin grêle ont été réactualisées, ce qui modifie le coefficient de correction propre à chaque aliment, k (...). Cela est particulièrement vrai pour les valeurs k attribuées aux céréales, tourteaux et graines, estimées à 1 en 1990 par manque de connaissance. Les valeurs MADC de ces aliments sont en conséquence actualisées à la baisse pour un niveau de matières azotées totales constant. En plus de ces méthodes analytiques, l’Inra propose, pour les aliments ne correspondant pas aux tables, des équations affinées afin d’estimer leurs valeurs énergétique et azotée par méthodes de laboratoire de routine. De nouveaux paramètres chimiques et de digestibilité ont été pris en compte pour les établir.

Les besoins énergétiques d’entretien ont été légèrement revus : 84 kcal/kg de PV0,75 soit 0,0373 UFC. Ces besoins sont corrigés en fonction du sexe et de la race ainsi que pour les étalons en saison de monte. Par ailleurs, l’Inra a évalué les dépenses énergétiques liées au travail de l’animal. Celles-ci ont quatre variables : la durée, l’intensité, les effets annexes (anticipation et rémanence) et l’augmentation générale du métabolisme. (...)

Prendre en compte plus de paramètres
William Martin-Rosset, de l’Inra : « Nous avons établi des tables d’apports alimentaires recommandés pour les poneys, qui représentent près de 10 % des équins identifiés. »

Concernant les besoins énergétiques et azotés liés à la gestation et à la lactation, leur niveau n’a pas été modifié mais les bornes de recommandations ont été élargies. Afin de prendre en compte les nouvelles courbes de croissance du conceptus (fœtus + annexes) et de production laitière établies par l’Inra, des apports alimentaires recommandés ont été établis entre le 6e et le 11e mois de gestation et jusqu’au 6e mois de lactation.

L’équation de détermination des besoins énergétiques de croissance a aussi été révisée : R = aPV0,75 + bPV0,75G1,4 (G : gain de poids ; PV0,75 : pois vif métabolique). Les constantes a et b varient en fonction de l’âge et de la race du cheval. Le même principe a été appliqué aux besoins azotés. Cependant, William Martin-Rosset insiste sur la différence à faire entre une croissance maximale et une croissance optimale, où seuls 80 à 90 % des besoins de croissance sont satisfaits : « Nous avons pu établir qu’une croissance maximale accroît la probabilité d’apparition de pathologies ostéo-articulaire, d’autant plus si l’animal est prédisposé génétiquement. » Dans ce cadre, l’Inra propose un outil permettant de déterminer les poids vifs à obtenir en fonction de l’âge, du poids vif adulte et de l’objectif de croissance (optimale pour les courses ou modérée pour les sports et loisirs) sans risque d’apparition de pathologies. (...)

Émilie Auvray

... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 655 - Avril 2012

(1)   Association Française des Techniciens de l’Alimentation Animale

(2)   Association Française de Zootechnie

(3)   Institut Français du cheval et de l'équitation

(4)   Association des Vétérinaires Equins Français