Terres Univia : les chiffres clés de 2021

Le 29/10/2022 à 17:29 par La rédaction

Terres Univia, l'interprofession des huiles et protéines végétales, a dévoilé sa brochure annuelle sur les données clés de la filière oléoprotéagineuse. Cette publication regroupe toutes les informations pour connaître les chiffres de l'année 2021 en termes de productions, surfaces, importations et exportations.

Terres Univia, interprofession des huiles et protéines végétales, regroupe les principales associations et fédérations professionnelles concernées par la production, la commercialisation, la transformation et l’utilisation des oléagineux (colza, tournesol, soja, lin, olive) et des plantes riches en protéines (pois, féverole, lupin, luzerne déshydratée, légumes secs). « La France couvre aujourd’hui seulement la moitié de ses besoins en légumineuses destinées à l’alimentation humaine - dont la moitié des volumes concerne les lentilles - alors que les protéines végétales sont au cœur de la transition alimentaire. Avec un soutien à la production par l’innovation, nous visons l’autosuffisance à horizon 2030 par un doublement des surfaces pour atteindre un million d’hectares pour nourrir les Hommes et les animaux », énonce Antoine Henrion, président de Terres Univia.

Les bilans de l’année 2021 des oléoprotéagineux en France, dans l’Union européenne mais également mondiale rassemblés dans une seule brochure. « La filière oléoprotéagineuse française repose sur trois débouchés clés: l’alimentation humaine avec les huiles végétales et les légumineuses, l’alimentation animale avec les tourteaux d’oléagineux, les protéagineux, et les légumineuses fourragères et les bioénergies et autres utilisations non-alimentaires. Ces débouchés sont interdépendants car ils sont tous issus de coproduits de la graine triturée. Par exemple, un hectare de colza produit 500 litres d’huile alimentaire, 1 900 kg de tourteaux et 1 000 litres d’huile à finalité de biocarburant ! », explique Laurent Rosso, directeur de Terres Univia.

Au global, les matières riches en protéines (protéagineux, tournesol, colza, soja, fourrages déshydratés, farines viande et poisson et divers sources) pour la période 2019/2020 en France sont en déficit de 52 % entre production (1 700 000 t protéines produites) et consommation ( 3600 000 t protéines consommées). Concernant l’Union européenne, sur la même période, environ 8 000 000 t de protéines ont été produites pour plus de 25 000 000 t consommées, soit un déficit de 67 %. « L’amélioration de la souveraineté alimentaire des filières d’élevage passe par le renforcement des liens entre animal et végétal. Les tourteaux de colza, tournesol et soja, ainsi que les légumineuses fourragères et les protéagineux produits en France sont essentiels pour nourrir les animaux. Au global, la France couvre 50-55 % de ses besoins en matières riches en protéines, contre 30-35 % en moyenne en Europe. Produire davantage de protéines végétales dans notre pays est vital pour sécuriser la souveraineté protéique de nos élevages », déclare Antoine Henrion.

Les oléagineux

Fin 2021, 1 832 000 ha d’oléagineux dont 980 000 ha de colza, 698  000  ha de tournesol, 154  000  ha de soja et 37 300 ha de lin, couvrent les surfaces françaises pour des rendements de 33,5 q/ha de colza (3 286 000 t), 28,5 q/ha de soja (439 000 t), 27,4 q/ha de tournesol (1 911 000 t) et 20,0 q/ha de lin (74 600 t). « Depuis près de dix ans, la filière soja française est en développement avec 154 000 hectares de surfaces cultivées en 2021 - dont un tiers en biologique - pour près de 440 000 tonnes de graines produites. Elle est exemplaire de durabilité, non-OGM, non déforestante et permet de combler l’intégralité des besoins en soja des industriels français pour l’alimentation humaine. Cette production reste cependant très inférieure aux besoins des filières animales françaises », détaille Antoine Henrion. Les débouchés des oléagineux sont variés. Sur les 5,1 Mt de graines de colza (3,27 Mt collectées, 1,68 Mt importées et 0,15 Mt stockées), 3,95 Mt ont servi, en 2020/2021, pour la trituration (tourteau pour l’alimentation animale et pour l’huile), 0,03 Mt pour l’incorporation dans l’alimentation animale, 1,03 Mt ont été exportées et le stock final comptait 0,05 Mt. Pour les graines de colza, 1,76 Mt ont été totalisées en 2021 : 1,19 Mt pour la trituration (tourteau pour l’alimentation animal et pour l’huile), 0,43 Mt pour l’export et 0,10 Mt pour le stock final. La quantité de graines de soja s’élève à 956 000 t en 2021. 529 000 t ont servi à la trituration (tourteau pour l’alimentation animal et pour l’huile), 64 000 t pour l’incorporation dans l’alimentation animale, 95 000 t pour l’extrusion pour l’alimentation animale, 45 000 t étaient destinées à l’alimentation humaine, 159 000 t à l’export et enfin les 74 000 t représentaient le stock final. « Les industriels français disposent d’une large capacité de trituration sur notre territoire et se sont, de surcroît, adaptés aux effets de la guerre en Ukraine. En 2021, plus de 5,9 millions de tonnes de graines oléagineuses ont ainsi été triturées dans notre pays, c’est-à-dire travaillées pour en extraire en même temps de l’huile et des tourteaux pour l’alimentation animale », relate Antoine Henrion.

Fin 2021, le prix des graines de soja, Caf Rotterdam, s’élevait à 500 €/t. Pour le tournesol (rendu Saint-Nazaire), le prix était de 625 €/t. Enfin, pour les graines de colza rendu Rouen, le prix était de 750 €/t. Concernant les tourteaux, le tournesol 28-30 % avait un prix de 300 €/t fin 2021 au départ d’usine française, le colza au départ d’usine française et le tournesol 35 % départ Lorient à environ 350 €/t, le tourteau de soja au départ de Lorient coûtait environ 475 €/t. Pour la partie agriculture biologique, les surfaces françaises en 2020 s’étendaient à 6 636 ha pour le lin, 11 503 ha pour le colza, 53 441 ha pour le soja et 57 261 ha pour le tournesol.

Laurent Rosso, directeur de Terres Univia. © Vincent Macher

Importations et exportations

En France, 1 681 kt de graines de colza ont été importées en 2021. Principalement du Canada : 1 070 kt (63,7 %), d’Australie : 306 kt (18,2 %), d’Ukraine : 187 kt (11,1 %), d’Espagne : 64 kt (3,8 %) et enfin de Belgique : 14 kt (soit 0,8 %), 40 kt proviennent d’autres pays. 3 053 kt de tourteaux de soja ont été importées en 2021. Le Brésil, en tête, avec 1 619 kt (soit 53 %), l’Argentine a exporté vers la France 397 kt (13 %), la Belgique 297 kt (9,7 %), l’Inde 193 kt (6,3 %), le Nigéria 141 kt (4,6 %), l’Espagne 123 kt (4 %), les Pays-Bas 112 kt (3,7 %) et 171 kt (5,6 %) ont été importées de d’autres pays. 159 kt d’huile brute de tournesol ont été importées en France en 2021 dont 118 kt d ’Ukraine (74,2 %), 32 kt de Bulgarie (20,1 %), 1,8 kt d’Espagne (1,1 %), 1,7 kt d’Allemagne (1,1 %) et 5,5 kt d’autres pays (3,5 %). Concernant les tourteaux de tournesol, 910 kt ont été importées en France. 463 kt (50,9 %) proviennent d’Ukraine, 69 kt (7,6 %) de Belgique, 59 kt (6,5 %) de Russie, 59 kt (6,5 %) d’Argentine, 58 kt (6,4 %) de Bulgarie, 54 kt (5,9 %) d’Allemagne, 52 kt (5,7 %) du Royaume-Uni et 96 kt (10,5 %) d’autres pays.

Le France a exporté 1 032 kt de graines de colza en 2021. 683 kt (66,2 %) ont été exportées vers l’Allemagne, 131 kt (12,7 %) vers la Belgique, 91 kt (8,8 %) vers les Pays-Bas, 43 kt (4,2 %) vers le Royaume-Uni, 38 kt (3,7 %) vers la Pologne et 46 kt (4,5 %) vers d’autres pays. 523 kt de tourteaux de colza ont été exportées depuis la France dont 246 kt (47 %) vers l’Espagne, 97 kt (18,5 %) vers l’Irlande, 72 kt (13,8 %) vers le Portugal, 41 kt (7,8 %) vers le Maroc, 34 kt (6,5 %) vers le Royaume-Uni et 33 kt (6,3 %) vers d’autres pays. Concernant les graines de tournesol, 427 kt ont été exportées : 139 kt (32,6 %) vers l’Espagne, 98 kt (23 %) vers la Belgique, 72 kt (16,9 %) vers l’Allemagne, 32 kt (7,5 %) vers le Portugal, 26 kt (6,1 %) vers les Pays-Bas et 60 kt (14,1 %) vers d’autres pays. Pour l’huile brute de tournesol, 167 kt ont été exportées au total. 37 kt (22,2 %) vers l’Espagne, 34 kt (20,4 %) vers la Belgique, 33 kt (19,8 %) vers le Maroc, 24 kt (14,4 %) vers le Royaume-Uni,13 kt (7,8 %) vers les États-Unis et 26 kt (15,6 %) vers les autres pays.

Les principaux producteurs d’oléagineux dans l’Union européenne à 27 en 2021 étaient la France avec un total de 5 636 000 t, la Roumanie avec 4 599 000 t, l’Allemagne avec 3 710 000 t, la Pologne avec 3 258 000 t, la Hongrie a produit 2 647 000 t et enfin la Bulgarie 2 393 000 t. Au total, dans l’UE-27, 16,99 Mt de colza pour 5 261 000 ha, 10,35 Mt de tournesol pour 4 397 000 ha et 2,70 Mt de soja pour 957 000 ha, ont été produites. Soit 30,04 Mt d’oléagineux produites en UE-27 en 2021, pour 10 615 000 ha au total.

Au niveau de la production mondiale de graines de colza, 66,4 Mt sur la récolte 2020/21 ont été produites, dont 19,5 Mt au Canada, 16,6 Mt en UE-27, 6 Mt en Chine et 24,2 Mt dans d’autres pays. Pour les graines de tournesol, 50,3 Mt ont été produites en 2020/21 dont 13,9 Mt en Ukraine, 13,4 Mt en Russie, 8,8 Mt en UE-27, 2,9 Mt en Argentine et 11,4 Mt dans les autres pays. Enfin, 364 Mt de graines de soja ont été produites en 2020/21 dont 138,8 Mt au Brésil, 114,8 Mt aux États-Unis, 43,8 Mt en Argentine et 66,8 Mt dans les autres pays.

« La France est un producteur historique d’huile et de protéines végétales : notre pays est même le 1er producteur d’oléoprotéagineux d’Europe. Avec en moyenne, ces dernières années, 1 200 000 hectares de colza, 750 000 hectares de tournesol et 160 000 hectares de soja, notre filière était déjà proche de stabiliser les surfaces de colza et tournesol réunies à deux millions d’hectares, pour éviter les importations et sécuriser sa souveraineté alimentaire. Nous pouvons d’ailleurs annoncer que cet objectif est désormais atteint en 2022, grâce aux efforts des 100 000 producteurs d’oléagineux de la Ferme France », développe Laurent Rosso.

Antoine Henrion, président de Terres Univia. © Emmanuel Fradin

Les protéagineux

En France, en 2021, 289 000 ha de protéagineux ont été cultivés (787 000 t récoltées) : 7 100 ha de lupin, 80 200 ha de féverole et 202 000 ha de pois pour des rendements de 23,0 q/ha de lupin (16 300 t), 23,6 q/ha de féverole (189 000 t) et 28,8 q/ha de pois (582 000 t). Le prix rendu, centre Bretagne, fin 2021, pour le blé fourrager, était de 275 €/t, de 325 €/t pour le pois standard et 450 €/t pour le tourteau de soja. Le prix rendu Rouen était de 350 €/t pour la féverole pour l’aquaculture en Norvège et pour le pois standard pour l’alimentation animale.

En 2020/2021, le pois a servi pour 254 000 t pour l’alimentation animale en France, 147 000 t ont été exportées vers l’UE-27 pour alimentation animale, humaine et les ingrédients, 150 000 t ont servi pour l’alimentation humaine en France et 46 000 t ont été exportées vers des pays tiers, pour l’alimentation humaine essentiellement. Concernant la féverole en 2020/21 : 126 000 t étaient dédiées pour l’alimentation animale en France, 12 000 t ont été exportées vers l’UE-27 pour l’alimentation animale, 10 000 t réservées à l’alimentation humaine en France et enfin 25 000 t exportées vers des pays tiers (Norvège pour la pisciculture et autres).

Les surfaces de légumineuses biologiques en 2020 en France ont augmenté par rapport aux années antérieures : 956 ha de lupin, 7 157 ha de pois chiche, 13 205 ha de pois, 18 416 ha de lentille, 19 334 ha de féverole et 53 441 ha de soja. Les fourrages déshydratés en France en 2020 représentaient 680 000 t en termes de production.

Dans l’Union européenne à 27, 1,96 Mt de pois, 1,21 Mt de féverole, 0,33 Mt de lupin et 2,70 Mt de soja ont été produites. Les principaux pays producteurs de protéagineux et de soja dans l’UE en 2021 étaient la France avec 1 226 000 t, l’Italie avec 1 055 000 t, l’Allemagne qui a produit 695 000 t, ensuite la Roumanie pour 587 000 t et enfin la Pologne avec 433 000 t. Le lupin représentait 232 000 ha, la féverole 485 000 ha, le pois 806 000 ha et le soja 957 000 ha. La production mondiale de pois sec en 2020/2021 était de 14 664 kt. Le Canada a produit 4 594 kt (31,3 %), la Russie 2 740 kt (18,7 %), la Chine 1 441 kt (9,8 %), l’UE (hors France) 1 363 kt (9,3 %), les États-Unis 984 kt (6,7 %), l’Inde 797 kt (5,4 %), la France 572 kt (3,9 %), l’Ukraine 479 kt (3,3 %) et les autres pays 1 694 kt (11,6 %). La fève et la féverole en 2020/2021 ont totalisé 6 102 kt. La Chine, premier producteur avec 1 724 kt (28,3 %), l’Éthiopie 1 071 kt (17,6 %), l’UE (hors France et Allemagne) 896 kt (14,7 %), l’Australie 576 kt (9,4 %), le Royaume-Uni 565 kt (9,3 %), l’Allemagne 236 kt (3,9 %), la France 154 kt (2,5 %), l’Égypte 88 kt (1,4 %) et 792 kt (13 %) ont été produites par d’autres pays.

« Tous les acteurs de la filière sont en ordre de marche pour faire face aux défis du changement climatique et de la guerre en Ukraine notamment grâce à la recherche de nouvelles variétés d’oléagineux plus riches en huile et en protéines ou de variétés de légumineuses à graines et fourragères plus résistantes aux aléas climatiques. Le soutien à l’innovation, à l’instar du programme Cap Protéines, copiloté par les instituts techniques Terres Inovia et l’Institut de l’élevage, est primordial pour notre souveraineté alimentaire », conclut Laurent Rosso.

Éva Marivain