ODA : principes et mécanismes des marchés à terme

Le 19/07/2011 à 16:17 par La Rédaction

Offre & Demande Agricole, société conseil en gestion du risque des prix, propose des formations pour mieux comprendre et utiliser les marchés à terme dans le but de gérer la volatilité des matières premières agricoles. La Revue de l’Alimentation Animale en a suivi une afin de vous apporter quelques éclaircissements sur ces mécanismes qui peuvent paraître parfois obscurs.

Le principe des marchés à terme est un règlement et une livraison se faisant à une échéance fixée et ultérieure à la date de conclusion des transactions. En agriculture, ils sont utilisés depuis que les prix de matières premières ont gagné en volatilité, notamment avec la baisse des prix d’intervention en 1992 en Europe. L’arrivée sur le marché mondial des pays soumis jusque-là aux prix d’intervention a par ailleurs participé à sa déstabilisation et donc à la volatilité des cours des matières premières.

Actuellement, les marchés à terme sont utilisés par les agriculteurs et différents acteurs de la filière pour sécuriser leurs ventes/achats. En Europe, le choix se fait principalement entre Euronext basé à Rouen pour le blé tendre, le maïs, le colza, le cacao entre autres et Chicago pour le soja par exemple. Offre & Demande Agricole conseille les différents acteurs de la filière agricole dans leurs opérations de couverture.

Une opération de couverture sur le marché à terme consiste à prendre une position égale et de sens opposé à la position détenue sur le marché physique. Ainsi, un fabricant d’aliment qui voudra sécuriser ses achats se couvrira contre les risques de hausse des prix. La stratégie comportant le moins de risque pour ses achats et pour rester sur des prix comparables aux autres fabricants d’aliments est de s’approvisionner régulièrement. Les fabricants d’aliments prennent ainsi régulièrement position sur les marchés à terme pour fixer le prix de leur aliment des prochains mois. À noter : les prix sur les marchés à terme varient en fonction de l’échéance choisie.

Savoir faire le bilan

Un fabricant peut s’assurer d’un prix d’achat pour tous ou une partie de ses besoins. Après avoir acheté des lots (un lot = 50 t) sur le marché à terme, il existe deux possibilités. Si les prix augmentent, le fabricant d’aliment aura assuré son prix d’achat. En revanche, si les prix baissent, le fabricant d’aliment pourra considérer avoir perdu de l’argent mais il aura assuré un prix d’achat maximum de ses matières premières. C’est pour limiter ces risques qu’il faut, avant de s’engager sur des marchés à terme, bien estimer si les prix risquent d’augmenter ou de baisser ou, autrement dit, s’il faut se couvrir à la hausse ou à la baisse. Pour cela, il faut prendre en compte différents facteurs de formation des prix afin de déterminer une tendance de marché.

Offre & Demande Agricole travaille sur l’analyse fondamentale des marchés en réalisant un bilan. Celui-ci consiste en l’estimation, pour une région géographique donnée, du total des ressources (stocks restants de l’année précédente, production qui dépend principalement du rendement et importations) et des utilisations (consommation et exportations). La différence permet d’obtenir une estimation des stocks de l’année et sa variation par rapport à l’année précédente. Ensuite, il est nécessaire de régulièrement vérifier les hypothèses prises et chercher à rendre les bilans de plus en plus réalistes. « Un bilan n’est jamais définitif ».

L’analyse de bilan (analyse structurelle fondamentale) est incontournable pour connaître la tendance des prix mais elle doit régulièrement être complétée par des analyses conjoncturelles « sans quoi elle devient rapidement obsolète ». Les éléments conjoncturels à prendre en compte sont le niveau de l’euro, la production d’éthanol, le coût du fret, les positions des fonds de pension, le niveau des exportations des douanes, les marges de trituration pour les oléagineux, la situation du stock d’intervention en céréales et le prix du produit concerné dans le monde. En résumé, pour anticiper, il faut savoir dans quel cadre géographique analyser le marché, comment l’offre et la demande évoluent ainsi que les monnaies et la conjoncture.

Si un fabricant d’aliment considère que les prix des matières premières risquent d’augmenter d’ici à la livraison, le marché à terme peut lui permettre de sécuriser et de lisser le coût de ses achats. Prenons un exemple : en mars 2011, un fabricant d’aliment veut planifier ses achats de blé pour une livraison en novembre 2011 car il prévoit une hausse des prix d’ici là. Le prix en mars 2011 est à 210 €/T sur l’échéance novembre 2011. L’achat se faisant au port, il faut prévoir un coût de fret fixé à 5 €/T dans cet exemple. Le coût de la tonne reviendra donc à 215 €/T sur le marché physique. Si en octobre 2011, la tonne de blé est à 300 € sur l’échéance novembre 2011, le fabricant d’aliment peut alors soit honorer son contrat à terme - il aura alors économisé 85 €/T – soit, ce qui arrive la plupart du temps, revendre son contrat à terme à la hauteur de 300 €/t (cours du moment) et s’approvisionner sur le marché physique au même prix - il aura alors réalisé une plus-value sur le marché à terme de 90 €/T. Cette plus-value viendra compenser la hausse du marché physique. En revanche, si le cours baisse, le fabricant d’aliment n’en aura pas profité, mais il se sera assuré contre une hausse des cours et aura fixé et non subi son prix d’achat.

Emilie Auvray

... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 647 - juin 2011