Axéréal Élevage : « Jusqu'à 15 lots en même temps »

Le 14/10/2022 à 15:00 par La rédaction

L'alimentation animale est l'activité centrale de la branche élevage du groupe coopératif Axéréal. En Auvergne, 140 000 tonnes d'aliments sont fabriquées à Saint-Germain de Salles, à destination des volailles, ruminants, porcs, du gibier, mais aussi des poules et lapins domestiques.

Axéréal Élevage est une des branches de transformation du grain du groupe coopératif agricole et agroalimentaire Axéréal. L’entité regroupe quatre métiers complémentaires : l’accouvage, l’organisation de production volailles (Force Centre), les bâtiments d’élevage et la nutrition animale. Cette dernière représente 85 % de l’activité. « L’organisation de production, qui compte 450 éleveurs de volailles de chair sous contrat, est notre principal débouché, indique Jonathan Boichut, directeur général d’Axéréal Élevage, soulignant : nous sommes un des acteurs (avec les groupements de producteurs et les abattoirs du secteur) de la structuration de la filière avicole régionale. » Le couvoir, « le seul en Auvergne », voit naître 300 000 poussins par semaine, la plupart certifiés bio et Label rouge. Force Centre représente 18 millions de volailles vivantes (50 % volaille du quotidien, 50 % sous signe de qualité) et 150 millions d’œufs, « à 100 % en production alternative (50 % bio, 50 % plein air) ».

Le site de Saint-Germain de Salles, en Auvergne.

Côté alimentation animale, 460 000 tonnes sont fabriquées annuellement, « au cœur des territoires », sur neuf sites de production, « dont deux en bio : Lapeyrouse (63) et Bonneval (28), représentant 55000t d’aliments », précise David Debert, directeur des opérations. À destination des volailles « pour 50 % », des ruminants, des porcs mais aussi des chevaux, du gibier, des poules et des lapins, ils sont commercialisés sous trois marques principales : Tellus Nutrition animale (aliments pour les animaux d’élevage), Ma petite ferme (grand public, basse-cour et lapins) et ACH (chevaux).

De nombreuses matières premières entrent dans les formules. Les céréales utilisées proviennent principalement d’Alliance négoce, filiale de l’activité métiers du grain du groupe Axéréal.

Siège social et site majeur

140 000 tonnes d’aliments sont fabriquées à Saint-Germain de Salles, en Auvergne, où se situe le siège social d’Axéréal Élevage. « Un site majeur en termes de production », mais aussi l’usine la plus ancienne, « là où tout a démarré avec la famille Thivat », indique David Debert. Un moulin y a été érigé dans les années 1800 et la première tour de fabrication d’alimentation animale en 1945. Les dates sont depuis apposées sur chacun des bâtiments et permettent de suivre l’évolution du site. Aujourd’hui, une quinzaine de personnes travaillent au sein de l’usine, « du lundi 5h au samedi 13h, de la réception des matières premières à la mise à disposition des produits finis en vrac ou ensachés ».

La capacité de production du site est de 650 t/j. « Les fabrications sont faites à la commande, précise David Debert. Nous avons une vision de la production à 24h et une rotation à flux tendu ». Les livraisons sont effectuées en fonction des besoins, sous deux à trois jours. Axéréal Élevage couvre le grand centre de la France, du sud de Paris au nord des Cévennes. 95 % du volume est livré en vrac, le reste en sacs de 10 à 25 kg et big bag de 600 kg à une tonne. Chaque camion fait entre une et trois tournées par jour au départ de Saint-Germain de Salles. « Nous nous appuyons sur une vingtaine de camions en propre et une flotte externe. Il s’agit principalement de camions porteurs, plus maniables sur les routes de montagne. »

L’usine compte cinq presses, ici des granulés de 3,8 mm (bovins).

« L’usine est très automatisée et un système de supervision complet nous permet de fabriquer jusqu’à 15 lots en même temps », indique David Debert. Elle dispose de cinq lignes de granulation, de quatre bennes doseuses, « pour les produits pulvérulents et les liquides », d’une mélangeuse, un enrobeur et un broyeur à marteaux. Ce dernier a été remplacé il y a quelques mois. « Il est équipé de trois types de grilles, avec changement automatique. Cela permet de gagner en rapidité et d’éviter les risques sécurité liés à la manutention. Il est également équipé d’un moteur nouvelle génération, moins énergivore. »

Qualité et durabilité

La maîtrise des consommations énergétiques du site est reconnue par la norme Iso 50 001, « depuis près de huit ans. Nous avons été l’un des premiers fabricants français à être certifié », assure David Debert. Un suivi hebdomadaire est effectué pour les principaux postes de consommation et des objectifs sont fixés. « La consommation électrique moyenne est aujourd’hui de 33 kWh. Et la consommation de gaz a baissé significativement depuis trois ans. »

David Debert, directeur des opérations.

Le suivi qualité est également un élément important. De nombreux contrôles sont réalisés, dès réception des matières premières jusqu’aux produits finis. « Sur le cycle de production, nous analysons par exemple la présence de DON et autres mycotoxines, d’insectes, l’humidité, le taux de protéines, le poids spécifique, la durabilité et la granulométrie, etc. ». Un AWmètre permet de mesurer la part d’eau libre dans les produits. Axéréal Élevage dispose aussi, sur le site de Saint-Germain de Salles, d’un laboratoire interne et d’une équipe dédiée à l’innovation. La démédication, les impacts environnementaux, le bien-être animal, la qualité des produits finis (viande, œuf et lait) sont au centre des recherches.

Les céréales utilisées proviennent principalement d’Alliance négoce, filiale de l’activité métiers du grain du groupe Axéréal. « Un travail est mené pour développer une filière France sur certaines matières premières, notamment le soja, pour s’assurer de la provenance et la qualité. » Le site héberge une plateforme de stockage sacs et big bag, « pour les produits de négoce et les aliments conditionnés, ce qui représente entre 8 000 et 10 000 t de produits. » Une autre plateforme, située à Fossé, près de Blois, permet de stocker 18 000 t d’aliments conditionnés. « De ces deux plateformes, nous sommes capables de livrer l’ensemble du territoire français et l’export pour certains marchés. »

Ermeline Mouraud

 

Trois questions à Jonathan Boichut, directeur d’Axéréal ÉlevageLa Revue de l’alimentation animale : Vous avez été nommé directeur général d’Axéréal Élevage il y a un peu plus d’un an, qu’avez-vous mis en place ?

Jonathan Boichut : Cette année a été marquée par l’inflation des matières premières. J’ai fait évoluer l’organisation pour être plus proche des clients mais aussi des collaborateurs et pour piloter au mieux, dans un contexte compliqué à gérer. Cette nouvelle organisation se compose de deux pôles. La direction commerciale des marchés libres (ruminants, cheval, gibier, grand public), pour lesquels nos clients sont les éleveurs et nous sommes fournisseur d’aliments. Et le pôle volailles, composé du couvoir et de l’organisation de production, pour lequel nos clients sont les abattoirs, d’autres OP et les centres de conditionnement d’œufs. Nous travaillons également à l’amélioration continue à tous les niveaux de l’entreprise, en nous appuyant sur la Direction performance (qui intègre la QHSE). Cette organisation, plus lisible et resserrée, permet de piloter au plus fi n, avec plus de réactivité et de fluidité des process, pour prendre les bonnes décisions face aux aléas.

Je m’attache également à mettre en avant la sécurité à tous les échelons. En interne, l’indicateur des accidents du travail est en baisse, nous en sommes fi ers. La sécurité est managée comme un prérequis, au quotidien, en étant très présent auprès des collaborateurs. Nous avons aussi organisé des « Rencontres sécurité terrain », afin de communiquer et d’améliorer les conditions sur site.

RAA : Quelle est votre politique en matière d’approvisionnement, sourcing des matières premières ?

Jonathan Boichut : C’est un point névralgique. L’approvisionnement en matières premières durables fait partie de nos engagement RSE. Nous avons formalisé des objectifs à 2030, en matière de pratiques et performances environnementales, de bien-être animal et de responsabilité sociétale. La politique générale de l’entreprise s’articule autour de cette stratégie RSE. Nous sommes également signataires du Manifeste zéro déforestation importée et de la charte Duralim, à laquelle on adhère pleinement. Avec la flambée du prix de l’énergie et la concurrence avec la méthanisation, nous devons aussi nous demander quelles seront les matières premières disponibles demain pour l’alimentation animale. Nous utilisons des matières premières déshydratés (drèches, pulpes, luzerne), mais aurons-nous encore accès à ces coproduits demain ? De moins en moins. Nous devrons être plus opportunistes et réactifs.

RAA : Quels sont vos projets ?

Jonathan Boichut : Cette rentrée se fait sous le signe de la proximité avec nos clients et de la sobriété énergétique. Sur les neuf sites de production d’Axéréal Élevage, huit sont déjà certifiés Iso 50 001, c’est-à-dire avec un système de management de l’énergie. 50 % de nos camions roulent aujourd’hui au B100, carburant végétal. La démarche n’est donc p as nouvelle, mais nous allons la continuer. C’est une démarche d’amélioration continue et nous la faisons vivre. En ce sens, un audit de l’ensemble du groupe, un bilan carbone Scop 3, a été réalisé, pour connaître les émissions de nos activités, fixer les objectifs de réduction pour les années à venir et identifier les leviers.

Nous allons également entreprendre une démarche majeure cet automne : la mise en place d’un S&OP (Sales and operation planning), pour la planification des ventes et des opérations. Cela va se traduire par la remise à plat de notre mode opératoire, afin de le simplifier et d’améliorer le taux de satisfaction client. Le numérique est un autre axe de développement. Depuis un peu plus d’un an, nous proposons à nos éleveurs sous contrat un service de silos connectés. Des capteurs permettent de suivre les stocks et aident à faire les tournées. Nous allons étendre le dispositif à la partie embarquée camion, avec une géolocalisation des silos, permettant une meilleure communication avec les chauffeurs et une optimisation logistique. C’est actuellement en phase de test sur certains sites.