Le Sommet de l'élevage est souvent l'occasion, pour les exposants, de dévoiler des nouveautés produits ou de faire part de leurs orientations stratégiques. Retour sur l'édition 2022 (deuxième partie).
Françoise Foucher et Ermeline Mouraud
Dumoulin - Réduire l’empreinte environnementale

Dumoulin, expert en nutrition animale depuis 1937, fabrique annuellement, sur quatre sites, 450 000 tonnes d'aliments bovins, porcs, ovins, caprins, lapins, volailles et chevaux. Le groupe belge a dernièrement lancé une gamme destinée à réduire les émissions de méthane des bovins lait et viande. Objectif affiché : « atteindre une baisse d'au moins 21 % des émissions de gaz à effet de serre par litre de lait ou kilo de viande produit », indique Vincent Rabeux, chef produit bovin viande. La gamme, baptisée Euroclim, est composée de matières premières 100 % européennes, riches en oméga-3 et sans OGM : graines de lin et de pois extrudées, de féverole, graines de soja françaises floconnées, pulpe déshydratée, etc. « Des matières protéiques protégées, en remplacement du tourteau de soja transatlantique décrié. » Pour réduire son empreinte environnementale, Dumoulin pousse la démarche « en investissant dans les économies d'énergie et le transport de nos matières premières ». La société mène notamment des essais « avec de la pulpe surpressée, pour réduire l'impact du séchage. Nous cherchons des solutions nutritionnelles et tech- niques, pour une nutrition animale plus respectueuse de l'environnement mais toujours performante, c'est indispensable. » Vincent Rabeux ajoute : « les consommateurs sont tout le temps en train de dénigrer la viande et nous faisons face à une décapitalisation du cheptel bovin viande : à nous d'être originaux pour mettre en place des solutions et aller de l'avant ».
Ecovrac - Un nouveau concept de semi-remorque

Ecovrac, concepteur et fabricant de citernes pour le transport en vrac d’aliments du bétail, a dévoilé, lors des salons de la rentrée, un nouveau concept de semi-remorque. « Une vraie avancée, au service de la sécurité des conducteurs et de la biosécurité », se félicite Aurélie Fromet-Savignard, P-dg de la société. Le véhicule est désormais utilisable intégralement depuis le sol. « Ne plus monter du tout réduit considérablement les situations à risque. » La bâche s’ouvre et se ferme automatiquement grâce à une télécommande. « La manœuvre est très rapide et la bâche est parfaitement étanche », précise Matthieu Le Coroller, technico-commercial. Des caméras ont été installées à l’intérieur de chaque compartiment afin d’assurer le contrôle visuel. Les images sont visionnées depuis l’I-Vrac. « Notre système de trappes en V, dévoutantes, montre tout son intérêt. Il assure un bon écoulement du produit. Si nécessaire, les trappes peuvent être actionnées plusieurs fois depuis le panneau de commande. » De plus, en fin de vidange, le nettoyage des compartiments est assuré par des vibreurs pneumatiques. « Nous avons remplacé le soufflage par de la vibration pour permettre de les nettoyer complètement sans intervention humaine. » Le dispositif a été testé avec des aliments miettes, granulés et farine.
Le tout premier exemplaire de cette nouvelle semi-remorque est exploité depuis la fin du Sommet de l’élevage, dans le Sud-Est, par la société Transnatural. Elle « a souhaité s’associer à ce projet d’avenir » qui répond à « trois grands enjeux : sécurité, pénibilité et rapidité ». Le véhicule est également équipé d’un système de désinfection embarqué, répondant aux exigences de biosécurité. Ce système, comprenant « des buses sur les bandes de roulement pneumatique et les ailes », est désormais proposé « directement en première monte ». Autre nouveauté : la version 4 de l’I-Vrac intègre l’enregistrement des opérations de désinfection et un dispositif de scellement informatique pour les aliments médicamenteux. « Il est nécessaire de saisir un code, généré par l’usine, pour ouvrir la trappe. Cela répond à une obligation règlementaire et garantit la traçabilité. »
Eurocoproduits - Limiter l’augmentation des coûts répercutés aux éleveurs

Installé depuis une vingtaine d’années à Chaspuzac, en Haute-Loire, Eurocoproduits commercialise des matières premières (céréales, maïs, tourteaux de soja et colza, drèches de blé, coproduits d’amidonnerie) pour l’alimentation animale. Conventionnelles ou biologiques, celles-ci sont « principalement françaises ». La société fabrique aussi des aliments et mash pour les bovins, ovins, la volaille et les chevaux. « Nous réalisons des mélanges à la carte en fonction des besoins des éleveurs », indique Baptiste Deschatrette, responsable achat. Il ajoute : « nous avons aujourd’hui à cœur de proposer des produits que d’autres ne font pas, avec moins de spéculation, pour limiter l’augmentation des coûts répercutés aux éleveurs ». Le contexte actuel est marqué par une baisse des livraisons. Afin de s’adapter et d’apporter de la valeur ajouté, l’entreprise, membre de la filière Bleu Blanc Cœur et certifiée RCNA, investit également, « sur les machines, les bâtiments et l’humain ».
Franson - Personnalisation et résultat technique

Franson produit et fournit des aliments pour tous les ruminants (bovins, ovins, caprins) et chevaux. « Nous sommes spécialisés dans l’engraissement », indique Étienne Lambert, formulateur et ancien commercial. Tous les aliments sont fabriqués sur mesure, « suivant un concept unique », en fonction des besoins spécifiques en nutriments des animaux, des demandes de l’éleveur et des produits présents dans l’exploitation. Ils sont commercialisés sous forme d’« All mash » (mélange de matières premières type muesli), farine, granulés ou miettes. « Le mash représente 50 % de nos volumes. » Le site de production situé en Belgique, à Nazareth (au sud de Gand), dispose d’une capacité de 100 000 t/an. La société s’appuie sur six commerciaux en Belgique et six en France. « Nous sommes présents en Allier, Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Cher, Vendée, Somme, Seine-Maritime. » La livraison se fait en direct, « sans intermédiaire ». Le fabricant belge « base tout sur le résultat technique : le prix ce n’est pas notre sujet, souligne Étienne Lambert. Nous produisons et distribuons des produits de qualité supérieure et constante. Nous avons également un service clientèle performant. Notre stratégie est axée sur la satisfaction du client, aussi bien l’éleveur que le consommateur final. »
Infosa - L’unique saline marine de Catalogne

« Nous étions les premiers Espagnols à avoir un stand au Sommet », rappelle Isabelle Mathieu, responsable du service export d’Infosa, société familiale productrice (entre autres) de sel marin et blocs et seaux à lécher pour le bétail. « Nous sommes présents à chaque édition depuis environ 15 ans et depuis une vingtaine d’année sur le marché français. C’est même l’un de nos principaux marchés. » Infosa exploite les salines de la Trinidad, situées dans le Parc naturel du delta de l’Ebro (Tarragone). Il s’agit de l’une des principales salines productrices de sel marin en Espagne et de l’unique saline marine de Catalogne. En alimentation animale, l’apport de sel est « essentiel pour la croissance correcte, le développement et la reproduction du bétail qui assimile très peu de sel dans son alimentation naturelle ». Infosa fabrique, dans son usine de Binéfar, une gamme standard de blocs et seaux à lécher, à partir de ces sels marins ou de sels de mine (gemme) espagnols, mais aussi des produits sur mesure. « Nous avons un rapport personnalisé avec nos clients qui souhaitent faire leurs propres formules. Ils sont alors vendus avec des étiquettes à marque propre. » Au total, Infosa affiche une production moyenne annuelle de 80 000 t de sel.
Madrangeas-Vialle - Réduction des coûts énergétiques

Madrangeas-Vialle est une entreprise « familiale, privée et indépendante », implantée à Eymoutiers, en Haute-Vienne, « dans un ancien moulin, réhabilité depuis les années 50 ». Elle y fabrique des aliments pour bovins (viande et lait), ovins, caprins, volailles et porcs. « L’activité ruminants est majoritaire, souligne Sébastien Feuillade, directeur commercial et produit. Beaucoup pour les bovins viande, notamment le Label Rouge Limousin. » Vingt-sept personnes travaillent sur le site, qui dispose d’une capacité de production annuelle de 60 000 t. « Nous fabriquons aujourd’hui 45 000 t, nous disposons donc d’une marge d’augmentation potentielle, indique Sébastien Feuillade, ajoutant : notre croissance est régulière ». La société est dirigée par la 5e génération. « Chacune apporte des modifications, en respectant ce que les autres ont fait avant et en défendant le savoir-faire. » Les aliments sont commercialisés, en direct éleveur, en mash, granulés et en fabrication à la carte. La société fait également de la revente de produits nutritionnels et de spécialité. Elle a aussi une activité de naisseur-engraisseur de porcs charcutiers, pour approvisionner les Ets Madrange. La logistique est assurée en propre, avec une flotte de dix camions. « Ils sont équipés d’un système embarqué pour réduire le gaspillage et sont régulièrement renouvelés, avec des nouvelles générations de moteurs, plus économes en carburant. » La zone de chalandise comprend le Limousin et les départements frontaliers (Creuse, Vienne, Indre, Lot, Cantal...) « Notre objectif est de rester localisé dans cette zone. » Les matières premières utilisées sont « majoritairement françaises », avec « une démarche qualité sans OGM » et « la formulation est figée : les mêmes matières premières (quatorze) entrent dans nos formules. » Pour palier à l’augmentation des charges (achats, logistique) et « ne pas les répercuter à nos éleveurs », Madrangeas-Vialle mise sur la technologie : « nous avons, par exemple, réalisé des changements de moteurs, avec des variateurs de vitesse, ce qui a entraîné une réduction considérable des coûts énergétiques. Fabriquer la même quantité en moins de temps, pour réduire le coût à la tonne ». Le fabricant a aussi un projet photovoltaïque. « Aujourd’hui nous atteignons 20 % d’autoconsommation en électricité. D’ici l’été, grâce à la mise en place de trackers solaires, nous voudrions nous dissocier du réseau. »
Moulin de Massagettes - Un changement de stratégie matières premières

Le Moulin de Massagettes est situé à une trentaine de kilomètres de Cournon d’Auvergne, dans la commune de Saint- Pierre-Roche (Puy-de-Dôme). Entreprise familiale créée en 1850, la minoterie s’est diversifiée dans la nutrition animale dans les années 1960. Aujourd’hui, sept personnes y travaillent, « dont quatre de la famille : il s’agit de la 5e génération », indique Thomas Poux, technico-commercial. Le Moulin de Massagettes fabrique, « de A à Z », de nombreuses gammes d’aliments pour animaux. « Pour les ruminants principalement », notamment des gammes vaches laitières conformes aux cahiers des charges AOP Cantal, Bleu d’Auvergne, Fourme d’Ambert et Saint-Nectaire. Le fabricant propose aussi des mélanges à la carte, en vrac : « mash granulé, noyau granulé et matières premières en l’état ». Cela représente « environ 7 000 t de granulés par an et 1 500 t de mélange de matières premières. Les aliments complets vaches laitières constituent le plus gros volume. » Les matières premières « proviennent majoritairement de la région et sont à 99 % françaises », précise Thomas Poux, soulignant le partenariat avec Valorex pour la féverole et les graines de soja françaises. « Nous développons une autre stratégie que le soja d’importation, pour mieux maîtriser la qualité et les coûts de nos matières premières, pour des aliments les plus réguliers possibles. » Le Moulin est certifié STNO (Socle Technique « Nourri sans OGM ») depuis 2021.
Obione - Quinze ans d’expertise pour le bien-être des animaux

Créée en octobre 2008, la société Obione, située à Mâcon (Saône-et-Loire) fête cette année ses 15 ans. Elle est spécialisée en nutrition, conseil et formation pour le bien-être animal, particulièrement les bovins (veaux, vaches allaitantes et laitières) et s’adresse aux éleveurs, aux vétérinaires et à l’ensemble des entreprises du secteur agricole et agroalimentaire. Elle commercialise, principalement via le réseau vétérinaire, des aliments complémentaires. « Nous formulons puis nous faisons fabriquer nos produits », précise Thomas Beauville, technico-commercial pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle élabore aussi des produits de soins et d’hygiène, pour les animaux et leur environnement. « Nous avons une approche globale, préventive, des problématiques », explique Thomas Beauville. Celle-ci est renforcée par la fourniture d’outils et le développement d’applications de diagnostic et d’aide à la décision. « Nous menons aussi des audits et des suivis en élevage. Notre objectif est de contribuer à améliorer les performances et les bonnes pratiques. » Pour Obione, cela passe par le confort et le bien-être des animaux. Elle a récemment développé, en partenariat avec Dilepix, une solution d’analyse « inédite et personnalisée » basée sur l’intelligence artificielle pour analyser le comportement des vaches laitières : « alimentation, abreuvement, couchage… Pour s’assurer du confort des animaux, contrôler leur environnement et mettre en évidence les leviers de productivité. »
Oxfort - Une alimentation lactée à sec

L’entreprise Oxfort, basée près de Dijon (Longvic), est spécialisée dans la vente d’aliments minéraux, diététiques et matières premières minérales pour les animaux d’élevage. Au Sommet, elle mettait particulièrement en avant deux nouveautés. Le Granu’Lait : des granulés à base de poudre de lait destinés à augmenter l’appétence et enrichir la valeur nutritive des aliments mash de démarrage des veaux, agneaux, chevreaux et poulains. « Ils peuvent être distribués directement dans l’auge. Ils sont donc plus faciles d’utilisation que de la poudre de lait classique et assurent ainsi un gain de temps », indique Thibault Van Vlierberghe, alternant SmartCampus à la CCI Métropole de Bourgogne. Il existe une version enrichie en actifs de plantes, contribuant à « abaisser la pression parasitaire et sanitaire sans affecter la mise en place de l’immunité ». Solution naturelle à base d’actifs de plantes, l’Ox’Phyt Anat contribue, quant à lui, à la réduction du risque parasitaire au pâturage. Il s’agit de granulés formulés avec un mélange d’huiles essentielles et d’extraits végétaux naturels (Paranat) fourni par photosynthèse, permettant d’améliorer le confort et l’immunité des animaux soumis aux risques de parasitisme par les strongles digestifs et les parasites hépatiques. « Ils sont obtenus par granulation basse température pour conserver les propriétés initiales des plantes et sont disponibles en version bio. » Oxfort propose aussi des recettes à la carte et effectue, sur toute la France, la vente et la distribution de pierres de sels KNZ. « Nous avons l’exclusivité sur le territoire national », souligne Thibault Van Vlierberghe. Certaines pierres sont conçues spécifiquement pour les moutons, les chevaux et les lapins.
Oxyane - Intégration de Soréal Sud-Est et lancement de la gamme Dyapaé

Le groupe coopératif Oxyane rassemble les activités des coopératives Dauphinoise et Terres d’Alliance. « Nous collectons 700 000 t de céréales et fabriquons 500 000 t d’aliment », présente Grégory Pinçon, responsable de l’activité élevage au sein du groupe Oxyane. Sa zone d’activité s’étend sur neuf départements : Ain, Drôme, Isère, Jura, Loire, Rhône, Saône-et-Loire, Savoie et Haute-Savoire. La structure compte quatre sites de production d’aliment : DNA, Développement Nutrition Animale à La Côte-Saint-André (Isère), usine multiespèces et sur le même site l’usine spécialisée en bio Bioseal, SNA, Séguy Nutrition Animale, usine spécialisée aliments pondeuses à Savasse (Drôme) et Sofagrain, un site d’extrusion et traitement des matières premières situé à Varambon (Ain). « Nous construisons un nouvel outil de trituration de soja, d’une capacité finale de 50 000 t de graines. La première ligne entrera en fonctionnement pour l’hiver 2023-24 avec 25 000 t de capacité, soit 18 000 t de production de tourteaux. Ce n’est pas un projet raisonné sur le cours actuel du soja, c’est une projection à long terme qui prend en compte le réchauffement climatique en Rhône-Alpes et la nécessité, pour notre territoire, de réviser ses assolements. C’est le résultat d’une réflexion menée depuis 10 ans. »
Depuis mai 2022, le pôle élevage d’Oxyane a intégré l’activité de l’usine de Vonnas de Soréal, dont Oxyane était déjà actionnaire par le biais de Terres d’Alliance. Pour l’accueillir, l’activité Soréal Sud-Est a été créée(1). Dans cette continuité, les marques Soréal et Guyomarc’h à destination des ruminants sont désormais remplacées par la nouvelle marque Dyapaé qui uniformise les marques nutrition sur l’ensemble du territoire d’Oxyane pour les bovins lait, viande, caprin, ovin lait et ovin viande. « Dyapaé porte les valeurs du groupe Oxyane, notamment nos ambitions d’innovation, ce qui se traduit par une nouvelle méthode d’analyse de fourrage et un nouveau logiciel de rationnement basé sur le rationnement dynamique pour mieux prédire les performances de production », poursuit Grégory Pinçon. La marque Dyapaé s’inscrit dans la recherche d’autonomie alimentaire de la coopérative au niveau régional en intégrant les céréales des adhérents et de plus en plus de tourteaux, permis par la stratégie industrielle du groupe.
(1) Le site de Joigny devient Soreal Nutrition animale et se rapproche des Coopé ratives 110 Bourgogne.
Provençale - Une nouvelle carrière de carbonate de calcium dans l’Yonne
Provençale transforme, depuis 1933, les carbonates de calcium extraits de ses diverses carrières en produits industriels ou agricoles. Elle est spécialisée dans l’extraction et la micronisation du CaCO3 utilisé comme charge ou extender. Elle s’appuie sur six usines et cinq sites d’extraction, situés en France et à l’étranger. « Cette année, nous allons ouvrir un nouveau site d’extraction, à Coursons-les-carrières. Il s’agit d’un projet de longue haleine, qui a demandé de très gros travaux. Ils sont encore en cours », souligne Catherine Pinto, responsable ventes agricoles. Avec celui d’Écuelles, en région parisienne, ils fabriquent une large gamme de fillers et granulés, notamment utilisés en alimentation animale. L’Alicac, également destiné à l’alimentation animale, est produit dans le site de Pouzilhac, dans la vallée du Rhône et l’Alicam dans celui d’Espira de l’Agly dans les Pyrénées Orientales. Issus de gisements de carbonate de calcium blanc, ils se caractérisent par leur grande blancheur et leur pureté chimique. Afin de compléter son offre, Provençale propose une gamme élargie de produits de négoces, pour toutes les applications. La société participe au Sommet de l’Élevage depuis 2006. « Nous vendons le carbonate de calcium qui entre dans les produits finis, nos clients sont les fabricants d’aliments. Ce salon est l’occasion pour nous de rencontrer les utilisateurs finaux : les agriculteurs et d’avoir leurs retours. Nous avons également l’opportunité d’échanger avec nos clients et de faire de nouvelles rencontres. C’est une parenthèse agréable. »
RAGT Plateau Central - Acteur sur un marché libre, à l’écoute des filières

Le départ de directeur commercial de la distribution agricole Pascal Pringault (lire RAA 762) apporte un changement organisationnel et générationnel aux postes clefs de RAGT Plateau Central. Cette réorganisation correspond également au rachat d’un nouveau négoce dans le Tarn, Bosc-et-Izarn, qui rajoute 30 000 t de collecte de céréale, soit une hausse de 20 % des volumes. RAGT a donc fait le choix de spécialiser ses directions commerciales. Ainsi le pôle animal regroupe désormais les fonctions commerciales, achat, logistique et industrie autour d’une notion de pôle métier. Il regroupe les deux marques, Terrya et RAGT Sanders, sous la direction de Mathieu Pousthomis, qui était depuis 2015 directeur de Terrya. « Cette organisation en pôle métier permet davantage de fluidité et agilité dans le contexte actuel difficile sur les questions énergétiques ou matières premières », commente Nicolas Lecat, directeur général, membre du directoire Groupe RAGT.
Terrya conserve son directeur commercial : « malgré cette direction commune, les deux marques continuent leurs existences distinctes. Les éleveurs sont livrés depuis l’usine la plus proche, dans la mesure des possibilités logistiques et des contraintes industrielles. » L’année précédante au Sommet de l’Élevage, RAGT avait renouvelé sa convention avec Sanders, demeurant la plus vaste concession franchisée sur le territoire français couvrant peu ou prou la région Occitanie. Le pôle animal de RAGT Plateau Central compte sur deux sites de production ainsi que sur l’outil Promash, conduit en association avec Avril et Arterris : « ce type de partenariat est essentiel pour conserver des tissus industriels performants, estime Mathieu Pousthomis. Ils permettent de se projeter sereinement sans crainte de tassements de volume et soulignent l’importance de saturer les outils pour gagner en compétitivité industrielle, sans toutefois être à la merci d’un retournement de marché. »
Après avoir renouvelé ses liens avec Valorex dans Promash autour du lin, RAGT affiche la volonté de travailler les protéines et se réjouit d’avoir décroché dans cet objectif deux dossiers financés dans le cadre de France Relance. L’un d’eux concerne l’installation d’une ligne de trituration de colza dans l’usine Proleal d’Albi : « notre ambition est d’être opérationnel dès la future récolte de colza. Nous pouvons compter sur un approvisionnement local, depuis la zone Aveyron/Tarn, grâce à nos démarches de production en filières », souligne le nouveau directeur du pôle végétal, Serge Moncet. C’est d’ailleurs l’objet du second dossier France Relance avec la démarche « Nos protéines d’ici », qui vise à réduire la dépendance aux protéines d’importation et étudier leur partielle substitution par l’extrusion de matières premières locales (dans l’objectif d’un investissement sur le site de Promash). « Dans un univers où les défis sont nombreux mais souvent contradictoires, nous avons identifié l’approvisionnement comme un axe stratégique, qui nécessite des évolutions de l’ensemble de la filière », concluent les trois hommes.
Sanders Centre Sud - Croire en l’élevage et se positionner en tant que partenaire

Après avoir assuré l’intérim pendant 18 mois, Antoine Lenepveu reprend ses fonctions internationales au niveau du groupe Avril et cède sa place de directeur de Sanders Centre Sud à Nicolas Meyer. Ce dernier a passé 23 ans au sein des établissements Bernard, où il a notamment développé l’activité de nutrition animale et où il était, ces dernières années, directeur des opérations de Bernard Agriculture, distributeur Sanders.
L’enjeu de ses premiers pas en tant que directeur de Sanders Centre Sud concerne le déploiement du plan d’aide Sanders. « Ce plan comprend plusieurs volets, destinés en premier lieu aux jeunes installés depuis moins de cinq ans car la transmission est un enjeu primordial, décrit le nouveau directeur. Dans le cadre de la modernisation des élevages, des fonds sont éligibles au financement d’aménagements nécessaires aux enjeux sanitaires. » Sur la zone de Sanders Centre Sud, Nicolas Meyer cite en exemple le Périgord particulièrement touché par la grippe aviaire : « on peut financer des portiques de désinfection ; les élevages de porcs sont également concernés par cette problématique avec la FPA à nos frontières. » Le plan Sanders peut aussi être mobilisé pour des installations liées à des économies d’énergie, des contrôles de rejets de gaz à effet de serre : « par exemple des silos de stockage permettant d’optimiser des fabrications et tournées d’aliments ; mais aussi tout type d’appareils de mesure, pesée, compteur d’eau, etc., dans le but de gagner en performances techniques. » Ou aider la création de parcours arborés pour répondre aux enjeux de demain.
Le contrat proposé par Sanders sur l’aliment protéiné est plus original. « Il concerne les aliments titrant plus de 32 % de protéine, soit les correcteurs azotés et, dans une certaine mesure, les complémentaires porcins mis en oeuvre par les fafeurs. » Sanders propose une assurance pour s’adapter à la volatilité : si le cours baisse, Sanders rembourse ! « La volatilité a changé d’échelle et les pics atteignent des ampleurs inédites. Nous proposons désormais trois stratégies de prix : un prix standard, un prix contractualisé à trois, six et neuf mois et ce nouveau contrat, assuré par SecuriPro. » L’assurance, option à la baisse, est prise en charge par Sanders.
« Ce plan d’aide nous permet de parler d’autre chose, de nous présenter comme un véritable partenaire et d’ouvrir la discussion au-delà du prix de l’aliment, reconnaissent les deux hommes. Il encourage les éleveurs à avoir des projets. Avec ce plan, Sanders envoie un message positif : nous croyons en l’élevage et nous positionnons en tant que partenaire. »
Filière porcine - Discussion autour des coûts alimentaires
L’Ifip et les interprofessions porcines Interporc Rhône-Alpes et Interporc Auvergne et Limousin ont réitéré leur rencontre technique à l’occasion du Sommet de l’Élevage, afin de redonner de la visibilité à la filière porcine, dans un salon très largement consacré aux ruminants. Le sujet de cette année était les perspectives pour le marché des matières premières et les pistes de maîtrise du coût alimentaire.

Karine Noutary, ingénieure en nutrition porcine, gérante de la société de négoce Avéna basée à Montauban, a rappelé les fondamentaux des marchés des matières premières. Au-delà des points conjoncturels liés à la guerre en Ukraine, elle a souligné la position stratégique de la Chine et l’effet majeur de la parité euro/dollar : « le recul de l’euro face au dollar représente une plus-value de 120 € sur le prix d’une tonne de tourteau de soja. Cette dépréciation de l’euro face au dollar favorise l’exportation des céréales européennes et pénalise le coût des importations, notamment de soja, qui se monnaye en dollar. C’est donc la double peine pour le coût de l’aliment. »
Laurent Alibert, ingénieur d’étude Ifip Fabrication des aliments à la ferme, a tenu à rappeler que la première source de protéines d’un aliment pour porc était la céréale. Il a passé en revue les protéines alternatives et leurs limites d’incorporation, pois, féveroles, lupins et rapidement écarté les concentrés protéiques de luzernes, indisponibles, ou les PAT et autres farines d’insectes, dont les prix d’intérêt les rendent, pour le moment, inabordables.
Isabelle de la Borde, ingénieure développement à Terres Innovia, l’institut technique des oléagineux et protéagineux, a rappelé le rôle joué par la filière biodiesel sur la production de colza en France et donc la disponibilité en tourteaux qui a permis de ramener le taux d’autonomie protéique de la France de 70 % en 1974 à 50 % en 2021. Elle a passé en revue les différentes unités industrielles de trituration en fonctionnement sur le territoire et rappelé l’impact de la technologie sur la qualité des tourteaux : décorticage, dépelliculage, cuisson, pressage : « nous accueillons en ce moment un ingénieur en thèse qui travaille sur la modélisation de la réaction de la matrice au pressage afin de faire évoluer les profils de vis, car plus on décortique et plus la matrice est difficile à presser. » Enfin, Grégory Pinçon, responsable de l’activité élevage au sein du groupe Oxyane, a présenté les projets industriels de son groupe en termes d’extrusion de soja.
Solu’Nature - Un trophée de l’innovation Groupama

Les Trophées Pro Groupama mettent en lumière des initiatives innovantes et durables de petites entreprises qui agissent en faveur de leur territoire. Dans ce cadre, Solu’Nature a reçu, au mois d’octobre, le « Coup de cœur innovation » des entreprises du Puy-de-Dôme. « Après un Sommet d’or en 2018, nous obtenons ce trophée qui valide encore un peu plus nos solutions naturelles alternatives aux traitements phytopesticides et antibiotiques », se réjouit Yvon Darignac, président-fondateur de la société. Celle-ci est installée au sein du Biopôle Clermont-Limagne (Auvergne), où elle dispose d’un laboratoire et s’appuie sur un site de fabrication situé à Issoire. Douze personnes y travaillent, dont six microbiologistes et deux docteurs vétérinaires. Elle produit notamment une gamme de compléments alimentaires, dont le Défi’Flor, destiné à équilibrer la flore intestinale de toutes les espèces animales, pour une meilleure immunité naturelle. Partiellement fermenté et élaboré grâce à une coculture de micro-organismes, il contient des prébiotiques et postbiotiques. « Administré dans les premières heures de vie, il aide à implanter le microbiote et à installer une population bénéfique. Il permet de diminuer l’utilisation des antibiotiques, à moindre coût et en toute sécurité ». Solu’Nature s’attache à « démontrer que les voix allopathiques doivent devenir le dernier recours ».
Talon Co-Produits - Une gamme étoffée et des conseils personnalisés

Créée en 2006 et filiale du groupe Dijon Céréales depuis novembre 2015, la société Talon Co-Produits, basée près de Dijon, en Côte-d’Or, est spécialisée dans l’achat-vente de matières premières et coproduits pour l’alimentation animale. « Nous sommes présents dans 33 départements du centre-est de la France, en direct élevage, principalement de ruminants », précise Christian Talon, son directeur, qui qualifie cette édition du Sommet de l’Élevage de « très positive, avec une grosse fréquentation professionnelle et beaucoup de contacts ». Talon Co-Produits propose « une gamme étoffée d’une vingtaine de références ». Des coproduits humides : drèches de brasserie, corn gluten frais, mélasse de canne, maïs ensilage, pulpe de pois, etc. ; des écarts de triages : pommes de terres, carottes ; des coproduits déshydratés : farine de maïs, radicelles d’orge, brisures de céréales, drèches de blé, luzerne, tourteaux (soja, colza, lin), etc. « Notre objectif est de donner l’accès à des coproduits et des matières premières au meilleur tarif. » Talon Co-Produits commercialise aussi une gamme mash et une gamme bio. Elle apporte également « une expertise technique nutritionnelle pour aider les éleveurs à atteindre leurs objectifs zootechniques et économiques. Les coproduits permettent de baisser le coût de la ration et de réduire les charges alimentaires. Ils assurent une excellente ingestion grâce à leurs appétences. Cependant, pour bien les utiliser, il faut bien les connaître, notamment les associations et quantités à respecter pour l’équilibre de la ration. Ainsi, nous apportons des conseils personnalisés pour les valoriser au mieux. » En 2022, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 19 M€, pour un volume de 120 000 tonnes.