Qu'il s'agisse de produits certifiés bio ou utilisables en agriculture biologique (UAB), les entreprises profitent du Space pour lancer des nouveautés. Malgré la crise que traverse la filière bio, elles maintiennent le cap pour apporter des améliorations en matière de nutrition, de santé et de bien-être. Autant de nouvelles possibilités pour les éleveurs, en réduisant aussi in fine les dépenses en élevages. Voici un tour d'horizon non exhaustif.
Altilis - En avant pour la tagète certifiée bio

Altilis Nutrition Animale, spécialisée dans la distribution d’additifs et d’ingrédients pour les acteurs de l’alimentation animale, renforce l’intérêt de sa farine de fleurs de tagètes séchées certifiée bio pour la coloration du jaune d’œuf, en l’occurrence bio. Rappelons le contexte : depuis le 1er janvier 2022, le nouveau cahier des charges bio européen n’autorise plus le gluten de maïs dans l’alimentation des monogastriques, hormis pour les jeunes animaux. Or, comme le rappelle Stéphane Maggiar, responsable de la gamme pigments Altilis, « ce gluten était la source principale de coloration du jaune d’œuf en bio ». Pour le remplacer, la société libournaise propose de la farine de tagètes certifiée bio à ses clients, des prémixeurs, firmes-services, fabricants d’aliments. « Altic Yellow Orga est le produit pour lequel nous sommes devenus opérateur bio depuis un an et premier importateur », rappelle l’expert. La fleur de tagète utilisée est importée du Pérou par Altilis, en outre, unique fournisseur sur le marché. Au Pérou, la mise en production représente quelques dizaines d’hectares avec un partenaire bio. Elle nécessite une part importante de main d’œuvre car la fleur, partie colorante, est récoltée manuellement pour la préserver au maximum, d’autant que les conditions climatiques peuvent influer sur les volumes.
Pour prouver les atouts de son produit, Altilis a mis en place des essais. La farine de tagètes bio est comparée au gluten de maïs et aussi à l’oléorésine de tagètes, deux produits conventionnels. Résultats : la fleur colorise aussi bien que l’oléorésine (1 ppm de tagète bio = 1,24 ppm d’oléorésine) et le processus de transformation ne dégrade pas plus le produit que pour les autres ingrédients. « Par rapport à l’évolution des xanthophylles, les molécules de couleur jaune présentes dans la fleur, le produit est aussi stable que le maïs, en obtenant la même dégradation, 3 %, résume Stéphane Maggiar. Nos clients veulent de la stabilité et nous prouvons que nous sommes aussi bon qu’avec le maïs. » Après un an de commercialisation qui a vu passer le marché de quelques dizaines de tonnes à une centaine, le fabricant est plus serein. « Le projet est lancé, c’est important pour la filière et pour nous, car nous y travaillons depuis sept ans, en interpellant tous nos services », confie Stéphane Maggiar. Malgré tout, si les clients sont au rendez-vous, le contexte, notamment la grippe aviaire, a perturbé la filière. Alors certes, cette fleur de tagète est aussi un peu plus coûteuse que le gluten de maïs mais, comme le précise Stéphane Maggiar, elle ne représente que 1 à 2 kg par tonne dans une formule d’aliment. Et elle est bio ! C’est encore possible jusqu’au 31 décembre 2026, notamment pour les poulettes de moins de 18 semaines et les porcs de moins de 35 kg.
Biodevas - Agir sur les parasites et l’état général de l’animal

Pour limiter l'impact des vers parasites sur les volailles en bio, pouvant être infestées sur les parcours ou en bâtiments d'élevages, Biodevas, concepteur de « biosolutions à partir d'actifs 100 % naturels issus d'un process exclusif d'extraction », propose Ascarom. Conçu notamment à partir de pissenlit, tanaisie, thym et grenade, cette solution a trois grandes lignes d'actions. La première, antioxydante, base des spécialités Biodevas pour stimuler les défenses naturelles de l'animal, l'intégrité intestinale et la création d'un milieu défavorable aux parasites. « Nous limitons la surpopulation de vers en la diminuant par dix, en faisant décroître leurs cycles, précise Valentin Verchin, chef de marché monogastriques France et référent technique à l'export. Nous obtenons entre 300 et 700 OPG (NDLR : œufs/g dans les fèces), ce qui n'empêche pas l'animal d'avoir des performances optimales, sans chute de ponte ni mortalité. » Ascarom n'est pas une nouveauté, mais le produit a été revu. « Nous avons fait évoluer la formule sur la concentration d'actifs pour plus d'efficacité ainsi que sur l'aspect appétence et nous n'avons plus de problème », avoue le représentant du laboratoire sarthois.
Pour améliorer son produit, Biodevas a multiplié les essais l'été dernier dans cinq bâtiments en pondeuses bio dans un élevage des Pays-Bas, avec un client partenaire néerlandais. « Ces essais ont démarré dès le début de ponte et jusqu'à 74 semaines, toute la durée du lot », précise Valentin Verchin. Une supplémentation de 1 kg/t d'Ascarom dans l'aliment fini, distribué une semaine par mois, vise à perturber les cycles de reproduction des vers, qui varient entre trois et quatre semaines selon le type. « On s'attaque au ténia et à l'ascaris, ensuite le capillaire et l'hétérakis, détaille le spécialiste. Nous constatons le maintien des performances sur tout le cycle des pondeuses, en termes d'œufs pondus par poule et de semaines de ponte au-dessus de 90 % et nous diminuons de moitié la mortalité par rapport au niveau annoncé par le sélectionneur. » Si les résultats sont « très positifs », il a fallu s'adapter à la grippe aviaire, imposant le maintien des animaux en bâtiments, ce qui a engendré un fort niveau d'infestation. « Nous sommes passés à 2 kg/t d'Ascarom dans l'aliment et le problème a été résolu », signale Valentin Verchin. Biodevas a élaboré un équivalent pour le porc, Ascapig, avec des ingrédients un peu différents, pour agir notamment sur le ténia. Essais menés sur les souches HN Brown Nick, Dekalb White, Lohmann LSL.
Lallemand - Renforcer la santé osseuse des poules, enjeu de bien-être animal

« L’état du bréchet est un bon indicateur de la santé osseuse de la poule. On constate des problèmes récurrents de déviations ou fractures de bréchets, relate Audrey Sacy, responsable des applications avicoles chez Lallemand. Les scientifiques ont ainsi rapporté que 90 % des poules sont touchées à l’abattoir. » Les systèmes d’élevage basés sur le perchage, tels que les volières, favorisent les fractures, en cause chutes ou collisions diverses, des situations « que l’on retrouve également en bio », d’après Audrey Sacy, mais multifactorielles. Car si des accidents peuvent arriver, le perchage en tant que tel appuie sur l’os du bréchet, potentiellement « ramolli » par une déminéralisation et le déforme. En effet, pour produire les coquilles, « la poule puise dans ses ressources, exportant 800 g de calcium sur un cycle de ponte, précise l’experte, l’équivalent de 30 fois celui présent dans son squelette. »
Lallemand, spécialiste des levures et bactéries, s’est penché sur cet enjeu de bien-être animal, en recourant à l’un de ses produits phares, utilisable en bio, Bactocell. Cette bactérie homofermentaire génératrice d’acide lactique, reconnue pour son action sur l’équilibre intestinal et les performances des volailles, trouve ici une application spécifique. Des essais menés pendant un an, engrangeant quantités de données sans méthode invasive, dans des éle-vages de poules pondeuses bio en France et en Italie, révèlent un double intérêt. « Bactocell agit sur la minéralisation osseuse assurant moins de déviation du bréchet et permet d’augmenter le dépôt de muscle, assure Audrey Sacy. Et des poules plus musclées ont moins de fractures. » Pour cela, Bactocell est utilisé dans l’aliment à l’âge de 16 semaines, avant l’entrée en ponte, encore mieux dès le stade poulette, à 8 semaines, jusqu’à la fin d’un cycle. Lallemand compte sensibiliser les fabricants d’aliments et les techniciens d’élevage sur ces questions qui peuvent aussi avoir des impacts économiques en élevage. « L’idée est d’accompagner la production aujourd’hui tournée vers l’allongement des cycles de ponte », conclut l’experte.
Nor-Feed - Une gamme liquide

Le fabricant angevin spécialiste des additifs botaniques en nutrition animale, connu notamment pour ses extraits de raisins, d'agrumes, saponines, huiles essentielles ou extraits de mélisse, à destination des fabricants d'aliments et prémixeurs, a dévoilé au Space une gamme liquide de l'ensemble de ses productions. « C'est une diversification de gamme pour avoir plus de flexibilité par rapport aux demandes clients en BtoB », précise Justine Ligonnière, ingénieure commerciale et cheffe produit de cette nouvelle gamme, lancée à l'occasion du Space pour le marché français et européen. Cette évolution tient du rachat de l'entreprise voisine Carephyt, spécialisée elle aussi en nutrition et santé animale, nous précise la responsable. Nor-Feed y voit aussi un atout supplémentaire lors des essais en élevages. « Pour nous, c'est plus de rapidité et de flexibilité et pour l'éleveur, plus de visibilité sur nos extraits de plantes, souligne-t-elle. Car ces extraits peuvent être maintenant distribués directement dans l'eau de boisson des animaux, facilitant la mise en place d'essais, alors qu'ils sont habituellement intégrés dans l'aliment. » Meilleure visibilité et meilleure connaissance donc de Nor-Feed sur toute la filière élevage, grâce à cette gamme liquide utilisable en agriculture biologique que des distributeurs pourraient être intéressés de commercialiser.
Phytosynthese - Gestion du pou rouge en pondeuse bio

Phytosynthese (groupe Lehning), expert dans le domaine des plantes depuis plus de 25 ans, s'appuie sur la « phytogénique titrée », afin de garantir la teneur active des produits, une efficacité homogène et la répétabilité des résultats, pour proposer des solutions destinées aux animaux d'élevages. C'est le cas avec PhytoDerm, un aliment complémentaire utilisable en agriculture biologique pour la gestion du pou rouge, mis en avant au Space par Claire Carlu, chargée des gammes volailles. Ce produit utilisé avant tout en poule pondeuse, notamment bio, associe un mélange d'huiles essentielles naturelles, des terpènes et de molécules de plantes non volatiles, des lactones. « Ces huiles essentielles sont reconnues pour leur action répulsive entrainant une réduction du repas sanguin des poux, les lactones le sont pour perturber le système nerveux du pou rouge, précise la spécialiste. Notre objectif est de limiter son développement pour améliorer le bien-être des volailles et le confort des éleveurs. » Des essais en laboratoire au printemps 2022 sur des poulets de 70 jours ont permis au fabricant de valider la biodisponibilité des actifs dans le sang des animaux, via un modèle de nourrissage artificiel. Un lot ne reçoit pas de PhytoDerm, leur sang est supplémenté manuellement avec le produit ; un autre en reçoit dans l'eau de boisson pendant cinq jours. « Un écart de 7 % de répulsivité entre les sangs supplémentés a été observé, rapporte Claire Carlu. Ce modèle permet de mettre en évidence la biodisponibilité avec peu de perte d'actif au niveau de l'organisme de l'animal. » Si PhytoDerm, ingéré dans l'eau de boisson ou l'aliment, est recommandé dès le début d'un lot, « en continu pendant trois semaines, puis deux jours par semaine durant tout le cycle de production », son utilisation peut être ajustée au contexte d'élevage et à la saisonnalité, dans l'objectif de maîtriser l'investissement. Pour des raisons pratiques, du sang de poulet a servi pour l'essai, similaire à celui de la poule, nous précise le fabricant.
Valorex - Valorisation Bleu Blanc Cœur sur tout le cycle en filière ponte

Valorex lance une nouvelle formule en filière Bleu Blanc Cœur (BBC) et bio pour l'alimentation des poules pondeuses. « C'est un noyau haute technologie qui permet d'avoir un extrudé de lin à basse teneur en fibres, Extruflax +, précise Béatrice Dupont, directrice exécutive Commerce Nutrition Animale chez Valorex. L'objectif est de l'utiliser en démarrage de ponte, alors que jusqu'à maintenant on attendait que le pic de ponte soit passé pour valoriser l'élevage en BBC. C'est donc un meilleur équilibre pour la filière et pour l'éleveur. » Les œufs peuvent donc être valorisés en BBC, quel que soit leur poids. « C'est aussi moins de stress dans le bâtiment, au niveau alimentaire », estime la responsable. Comment obtenir moins de teneur en fibres ? « Grâce à une variété spécifique de lin et un process technologique très original, répond Béatrice Dupont. Nous sommes les seuls à le faire et nous y travaillons depuis deux ans. Les résultats sont meilleurs au niveau de la digestibilité de l'aliment et donc sur la croissance des animaux dès le début de ponte et sur le taux de ponte. Nous levons un frein, parce qu'augmenter la quantité de fibres engendrerait des problèmes de digestibilité. » Et si l'extrudé est testé en début de ponte, il peut s'appliquer sur tout le cycle de production. Ce nouveau produit est commercialisé depuis juin auprès des fabricants d'aliments qui l'intègre en formulation BBC à hauteur de 4 %.
Enfin, autre sujet, en vache laitière cette fois, Valorex observe une demande accrue de son Proti-Pro Bio, un extrudé de féverole (80 %) et graines de soja (20 %) origine France. « Si l'agriculteur cultive de la féverole, nous pouvons l'extruder à façon et lui revendre le produit fini. Et il est possible de l'acheter directement. L'avantage, ce sont des matières premières françaises », rappelle Béatrice Dupont. Proti-Pro Bio est utilisé entre 500 et 1 kg/VL en ration hivernale, en début de lactation pour un apport d'énergie non acidogène « pour plus de lait produit et une bonne reproduction ».