Aliment cheval : salons d’automne

Le 27/11/2009 à 18:07 par La Rédaction

Les salons équins de Fontainebleau, du Lion d’Angers, de Lyon viennent de se dérouler. Celui de Paris (du 5 au 13 décembre), à la recherche d’un nouveau souffle (1), quitte la porte de Versailles pour le parc des expositions de Villepinte. Autant d’occasions offertes aux fabricants d’aliments cheval d’aller au contact de leurs clients et de présenter leurs nouveautés de l’année.

Philippe Frauciel (Président du Cnef)La 28e Grande semaine de l’élevage à Fontainebleau (29 août au 6 septembre) a enregistré un « nombre record de spectateurs », ont indiqué les organisateurs, sans plus de précision. « Toujours très suivie par les éleveurs, cavaliers, propriétaires, les marchands français et étrangers, et les institutionnels de la filière cheval, la Grande Semaine a connu cette année un succès sans précédent auprès du grand public ». Mais pour Philippe Frauciel, responsable national Royal Horse, par ailleurs président du Cnef (Club de nutrition équine français), la Grande Semaine constitue d’abord un « rendez-vous professionnel incontournable », où se retrouve le « gratin du sport équestre ». Ce qui explique que les principaux fabricants d’aliment cheval demeurent fidèles à Fontainebleau, ainsi que l’a montré l’édition 2009. Si les nouveautés n’étaient pas légion sur les stands, les excellentes ventes de l’année 2008 (voir encadré) n’invitaient pas spécialement à tout bousculer. Le numéro 1 français de l’aliment cheval, Evialis, possède les marques Royal Horse et DP Nutrition et affiche une production de 70 000 tonnes, à laquelle s’ajoutent 110 000 tonnes au Brésil et au Mexique, pour un total mondial de l’ordre de 200 000 tonnes. En France, Evialis revendique une progression de 19 % en 2008, et de 10 % encore sur les sept premiers mois de 2009. « Nous avons gagné des parts de marché, mais également fidélisé des acheteurs qui étaient venus à l’aliment composé en 2007/08 à la faveur de l’envolée des prix des céréales », explique, en substance, Philippe Frauciel, saluant au passage l’excellent travail des équipes techniques et commerciales du groupe. Le catalogue Royal Horse, qui va de « l’entrée de gamme aux aliments premium », est reconduit, sans surprise donc.

DP Nutrition : objectif réhydratationobjectif réhydratation

Chez DP Nutrition, Stéphane Jothy, chef de marché équin, met en avant deux nouveautés réhydratantes à la marque Horse Line. « Horse Hydrat » est un supplément nutritionnel diététique, qui vise une « stabilisation du bilan des électrolytes et de l’eau » après une forte sudation du cheval. La formule incorpore chlorure de sodium (25 %), dextrose (20 %), phosphate monopotassique (12 %), glycine (10 %), sorbitol (10 %), carbonate de calcium (8 %), citrate de sodium (5 %) et sulfate de magnésium. « Horse Snacks Hydrat » est une friandise aromatisée à la pomme, qui incorpore orge Equipe d'Equifirst à Fontainebleau(68,5 %), son (15 %), dextrose (8 %), gluten complexe vitaminé, glycine, carbonate, sel, arôme, phosphates de potassium et de calcium, sulfate de magnésium. Horse Line lance également un aliment minéral, « Horse Mineral Breed » qui vise à équilibrer les rations à base de céréales et, plus précisément, à « maintenir le statut en minéral et oligoéléments de la poulinière et du poulain en croissance ». Horse Line vient également de créer une gamme vendue chez les vétérinaires, « Horse Line Vet’ », élaborée par les laboratoires Franvet (groupe Evialis également). « Horse Gastricalm » est un aliment diététique granulé pour chevaux qui « contribue à la gestion du risque de gastrites ». Sa formule incorpore notamment 20 % de Fermaid® Ease 187. « Horse Detox » est un aliment diététique pour chevaux qui vise le « soutien des fonctions hépatique et rénale en cas d’insuffisance hépatique ou rénale chronique ». Il est « préconisé en cas de rations riches en protéines et matières grasses, en cas de stress, lors d’efforts intensifs répétés, après un traitement médicamenteux ». « Horse Detox » fait appel à la « synergie de 8 extraits titrés de végétaux, reconnus pour favoriser l’élimination des déchets organiques générateurs de fatigue, de mauvais état général et de baisse de performance » : Cynara scolimus, Peumus boldus, Carduus marianus, Urtica urens, Hieracium pilosella, Taraxacum dens leonis, Rosmarinus officinalis, Thymus vulgaris. « Horse Zen », enfin, est un aliment diététique pour chevaux qui « préserve le capital sportif du cheval en situation de stress ». Il fait appel à des extraits de levures inactivées (50 %), du lactose monohydraté (45 %) et du sulfate de magnésium (5 %). La marque DP Nutrition vient par ailleurs de lancer, à Vincennes, deux aliments pour chevaux de course estampillés CLN (contrôle laboratoire négatif). Ce logo garantit que « Floc Puissance » (floconné) et « Challenge Courses » (granulé) ont fait l’objet d’une analyse libératoire au laboratoire des courses hippiques (LCH) pour vérifi er l’absence de contaminants naturels dopants : caféine, théobromine, atropine, morphine, théophylline, etc.

EquiFirst : « Energy Balance Floc »

Marque cheval lancée par le groupe belge Dumoulin il y a quatre ans, EquiFirst fabrique environ 22 000 tonnes d’aliment cheval dans deux usines (Courtrai et Seilles). Sa vingtaine de formules se répartit selon trois gammes (Classic, Energy, Breeding), auxquelles s’ajoute le Linamix®, un « supplément ‘topfeeding’ à base de graines de lin extrudées », sources naturelles d’acides gras oméga 3. Sa formulation vient d’être mise à jour et incorpore désormais 50 %de graines de lin et 21 % de fibres de chicorée. Solubles et fermentescibles, ces dernières « permettent, à très petite dose, d’améliorer la texture du contenu intestinal (et) favorisent les mouvements péristaltiques de l’intestin, ce qui diminue les risques de coliques », souligne EquiFirst. Des fructooligosaccharides (FOS), fournis par Orafti-BeneoTM, contribuent également à une « meilleure prévention des diarrhées ». À Fontainebleau, Equi-First présentait un nouveau mélange floconné correcteur de céréales pour chevaux de compétition, « Energy Balancer floc », à distribuer en complément des céréales (orge/avoine). Un produit très bien adapté aux éleveurs revenus aux céréales après la flambée des prix de 2007/08, estime Yoann Brasse, technico-commercial sud-Loire.

Inzo° : Destrier « Longlife »

À l’occasion d’Equita’Lyon, Inzo° devait présenter un nouvel aliment, « Destrier Longlife », spécialement formulé pour les chevaux et les poneys âgés, dénutris, ou présentant des troubles de l’appétit ou de la digestion. Il se distribue en complément de fourrages appétents en plusieurs repas. Cet aliment floconné, de niveau énergétique élevé et très appétent, est formulé pour « maintenir l’appétit, favoriser la digestion et apporter toute l’énergie et les protéines de qualité dont les vieux chevaux ont besoin ». Destrier Longlife est spécifiquement adapté pour :

- apporter de l’énergie en privilégiant les sources naturelles d’énergie que représentent les fibres (luzerne, pulpes de betteraves, son de blé) et les matières grasses (graines de lin extrudées, huiles végétales…), les sources hautement digestibles des céréales traitées thermiquement (orge popée et floconnée, maïs floconné, blé extrudé…) sous forme d’amidon cuit ;

- apporter des protéines en quantité (14 %) et en qualité (apports spécifiques en acides aminés), de manière à « maintenir un niveau élevé du métabolisme protéique et prévenir la fonte musculaire des chevaux âgés » ;

- renforcer l’immunité et prévenir le vieillissement. Destrier Longlife apporte ainsi des micro-nutriments naturels source d’antioxydants, des acides gras oméga 3 qui contribuent à renforcer les défenses immunitaires et à réguler la synthèse des hormones impliquées dans la gestion des processus inflammatoires et allergiques ;

- réguler la prise alimentaire et l’assimilation digestive. « À sa présentation très appétente, Destrier Longlife associe des plantes reconnues pour leur action hépato-digestive, parce qu’une stimulation hépatorénale et une élimination régulière des toxines sont les garants d’une bonne digestion et d’un appétit régulier » ;

- des apports concentrés en minéraux comme le calcium, le phosphore, le magnésium, le soufre, mais des apports mesurés en sodium pour limiter la rétention d’eau liée à l’inactivité.

La formulation de Destrier Longlife permet des apports renforcés en oligoéléments et certaines vitamines pour lutter contre la déminéralisation et favoriser le développement des phanères (sabots, poils…). L’activité cheval d’Inzo° a représenté 52 000 tonnes d’aliments reconstitués sur l’exercice 2008/09, ce qui permet à la marque maison, Destrier, de se présenter comme « un solide leader avec 20 % de part de marché en France ». Inzo° met par ailleurs la dernière main à deux autres innovations. Destrier Quatu’OR est un aliment granulé destiné aux chevaux de course et de compétition formulé à partir d’avoine, d’orge, de son de blé et de luzerne, et bénéficiant de la garantie « OR Destrier » (zéro contaminant alimentaire). Un peu moins sophistiqué mais aussi moins cher que la gamme Trotting, Destrier Quatu’OR est destiné aux chevaux de course et de sport qui ne sont pas forcément des champions, laisse entendre François Fournier, responsable Destrier. Destrier Zénéo est un supplément nutritionnel diététique destiné aux chevaux sortis de leur mode de vie naturel, faisant appel à la phytothérapie. Il « aide le cheval à surmonter les contraintes de confinement, isolement, de concentration alimentaire ou d’espacement des repas, de stress lors des compétitions, du transport… »

Lambey : de Windsor à Win’Sor

Lambey devait lancer, à l’occasion du salon Equita’Lyon (28 octobre-1er novembre 2009), un nouvel aliment, « Master Win’Sor », combinant les vertus de trois aliments déjà au catalogue : le « Regul’Master » (pour une « bonne hygiène digestive »), le « Flexy Master » (ciblé sur la souplesse et la protection des articulations des chevaux de compétition et de course) et le « Master Floc » (un aliment floconné complet « adapté à l’activité soutenue des champions »). Une association qui a récemment conduit un cheval nourri par Lambey – « Kraque Boom », monté par Kevin Staut – à la victoire lors du championnat d’Europe de saut d’obstacle, le 30 août dernier à Windsor (Grande-Bretagne). « Master Win’Sor » est un aliment floconné destiné aux chevaux athlètes. Il « favorise une bonne hygiène digestive et optimise l’assimilation de la ration par l’apport de fructo-oligosaccharides, d’inuline et de levures vivantes. Des argiles participent à la protection des muqueuses gastriques », souligne Lambey dans un communiqué. Master Win’Sor contribue par ailleurs « à la protection et à la souplesse des articulations par un apport de glucosamine, de sulfate de chondroïtine et de MSM. » (méthyle sulfonyle méthane). Il « favorise la résistance à l’effort par l’association de sources d’énergie variées dont de l’huile végétale ». Enfin, il « optimise le fonctionnement des muscles. Une sélection de protéines de qualité et d’antioxydants (vitamine E, C, sélénium) accompagne la préparation musculaire et protège les cellules musculaires. »

Retour du marché en 2009

Les fabricants français ont produit 238 722 tonnes d’aliment cheval en 2008, soit 11,1 % de plus qu’en 2007, selon les statistiques Snia-CFNA. Les faibles disponibilités en céréales ou en fourrages en 2007/08 et l’envolée des prix qui s’en est ensuivie ont poussé les propriétaires (clubs hippiques, éleveurs, particuliers) à se tourner vers l’aliment composé complet, quand ils ne le faisaient pas déjà. En France, environ un cheval sur deux ne reçoit pas d’aliment industriel, rappelle Philippe Frauciel, responsable national Royal Horse, par ailleurs président du Cnef (Club de nutrition, équine français). Changement de décor en 2009 puisque, sur les sept premiers de l’année, les fabrications d’aliment cheval reculent de 8,6 % par rapport à la même période de 2008 (- 8,9 % entre juillet 2008 et juillet 2009), dans un contexte de récoltes abondantes. C’est un peu moins que la progression enregistrée en 2008, preuve que certains propriétaires sont définitivement passés à l’aliment composé, estime Philippe Frauciel.

 

Benoît Contour - Novembre 2009-n°631-la revue de l'alimentation animale (1) Voir la RAA n° 623 page 47.