Ambiance morose à Loretto. Le lait est à 13 dollars les 100 livres et les Démocrates sont à Washington, ce qui n’est pas bon pour l’agriculture, selon Steward Jones. En plus, sous contrat avec Dairy Farmers of America, il ne peut injecter l’hormone laitière à ses vaches qui, du coup, produisent cinq kilos de lait en moins par jour.
Non loin du village de Loretto, Steward Jones a passé la matinée à creuser le lit d’une rivière et à charrier des pierres une main sur le volant de son Peterbilt, l’autre sur le téléphone, donnant des instructions à quelques-uns de ses treize employés. De ses deux filles à plein-temps sur l’exploitation, l’une d’elles préparait sur le tracteur le sol de la parcelle de maïs bordant la rivière. Chez les Jones et leurs sept enfants, de vieille lignée irlandaise, le travail en famille a un sens, comme le travail tout court d’ailleurs. À la Coleman Crest Dairy – nom de sa ferme laitière –, Steward Jones exploite en propriété 240 hectares emblavés en maïs et en blé sur les bonnes terres du comté de Marion, dans le centre du Kentucky. 350 vaches Holstein occupent une vaste stabulation longue d’une soixantaine de mètres sur autant de large, à côté d’une salle de traite « douze places » astiquée trois fois par jour et d’un medical barn qui abrite la nurserie et les génisses. Près de 600 au début de cet été. « Mes vaches produisent 35 kg de lait par jour avec trois traites quotidiennes, à huit heures le matin, à quatre heures l’après-midi et à minuit. En trayant trois fois, j’estime entre 7 et 10 % le gain de lait obtenu », explique Steward Jones, qui livre sa production à une laiterie des Dairy Farmers of America (DFA), à London, à plus de 150 kilomètres de l’exploitation.
Dominique-J. Lefebvre - (Octobre 2009 - RAA 630)