Dans son rapport Agri-Food Outlook, Alltech partage les dernières données relatives à la production mondiale d'aliments pour animaux, par région et par espèce. Le document apporte également une vision holistique de l'état du secteur, des tendances et des opportunités de croissance. Résumé.
La firme Alltech vient de publier son 13e rapport Agri-Food Outlook, offrant une vue d'ensemble de l'état actuel de l'industrie mondiale de l'alimentation animale et une analyse des tendances et perspectives du secteur. Le document rassemble les données de 142 pays et 27 000 usines d'aliments. Celles-ci montrent que sur l'année écoulée, le volume mondial d'aliments pour animaux produit a baissé de 2,6 millions de tonnes métriques (- 0,2 %) par rapport à 2022, pour un total d'1,29 milliard de tonnes métriques.
Cette baisse est attribuée, selon Alltech, à « une utilisation plus efficace des aliments et un ralentissement de la production de protéines animales ». D'autres facteurs influencent la production d'aliments pour animaux : l'économie (coûts de production élevée), la modification des habitudes de consommation (causées par l'inflation et les tendances alimentaires), les tensions géopolitiques, les risques de maladies animales et les défis liés aux conditions météorologiques et climatiques.
La plus grosse baisse est imputée à l'Europe : - 3,82 %, soit 10 000 t. Suivent l'Amérique du Nord (- 1,10 %) et le Moyen-Orient (- 0,32 %). Au contraire, la production d'aliments a augmenté dans les régions Asie-Pacifique (+ 1,40 %), Amérique latine (+ 1,24 %), Afrique (+ 1,95 %) et Océanie (+ 3,71 %). Les dix premiers pays producteurs d'aliments pour animaux sont : la Chine, les ÉtatsUnis, le Brésil, l'Inde, le Mexique, la Russie, l'Espagne, le Vietnam, le Japon et la Turquie. La moitié de la production mondiale d'aliments est concentrée dans les quatre premiers pays : la Chine (262,71 Mt), les États-Unis (238,09 Mt), le Brésil (83,32 Mt) et l'Inde (52,83 Mt).
29,9 % pour les poulets de chair
Le secteur des poulets de chair a enregistré le tonnage d'aliments produits le plus élevé en 2023, avec plus de 385 Mt. Un volume qui représente désormais 29,9 % du total à l'échelle mondiale. Cela s'explique par une augmentation significative (+ 3,52 %) de la production de poulets de chair l'an dernier. Cette croissance a été observée principalement en Asie-Pacifique, Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine et Amérique du Nord. Alltech souligne que « les perspectives du marché mondial des aliments pour poulets de chair restent optimistes pour 2024, grâce à la réduction des coûts des intrants (énergie), l'augmentation des marges industrielles et de la rentabilité, ainsi que l'évolution des comportements des consommateurs ».
La production d'aliments pour poules pondeuses est restée stable, avec seulement 0,01 % d'augmentation au niveau mondial l'an dernier. Malgré une tendance à la baisse en 2022, le secteur a rebondi en Asie-Pacifique en 2023, avec l'ouverture de nouveaux élevages de poules pondeuses, les consommateurs se tournant vers la volaille comme choix de protéines plus abordable. Le tonnage d'aliments pour poules pondeuses a augmenté régulièrement dans la région, de 1,34 million de tonnes, avec d'importantes hausses dans des pays comme l'Inde. Globalement, « les maladies et les défis macroéconomiques ont posé des obstacles importants à la croissance de la volaille sur divers marchés, notamment en Afrique et en Europe (- 0,88 Mt) », précise le rapport, mais le secteur est dynamique au niveau mondial et devrait continuer à croître en 2024.
Déclin en bovins lait et viande
Le déclin mondial de la production d'aliments pour bovins de boucherie s'est poursuivi en 2023, avec une diminution globale de 4,36 %. Il s'agit de la baisse la plus prononcée, toutes espèces confondues. « En Europe, les politiques de développement durable continuent de tirer la tendance à la baisse en Europe. En Amérique du Nord, de multiples facteurs ont convergé pour créer un déclin substantiel, comme les sécheresses persistantes et des coûts de production élevés. » En Australie, « la réduction des tonnages d'aliments n'est pas le reflet de l'évolution de la demande de viande bovine, mais plutôt le résultat d'une disponibilité abondante d'herbe », précise le rapport. Pour 2024, une croissance est attendue sur ce marché en Chine, au Brésil et en Australie. En revanche, des baisses continues sont attendues aux États-Unis, au Canada et dans certains pays européens.
Côté vaches laitières, les volumes d'aliments produits ont encore baissé, de 2,28 % au niveau mondial en 2023, « principalement en raison des coûts élevés des aliments pour animaux et d'un prix du lait bas », conduisant les agriculteurs à procéder à des ajustements stratégiques, notamment en réduisant le nombre de vaches ou en recourant davantage à des sources d'alimentation non commerciales. L'Asie-Pacifique « fait figure d'exception » : c'est l'une des deux seules régions à avoir augmenté le tonnage d'aliments pour vaches laitières (4,52 %). « Cette croissance a été alimentée par l'augmentation de la consommation de produits laitiers et le développement de la production d'aliments pour animaux dans les coopératives, principalement en Inde (+ 8,7 %) et en Chine (+ 5,8 %). » En Europe, la production a sensiblement diminué en 2023, de 2,76 millions de tonnes, soit - 6,66 %.
Des défis pour le secteur porcin
Le secteur porcin a été confronté à de nombreux défis en 2023, ce qui a entrainé une baisse globale de la production d'aliments de 1,23 %. Les principales régions productrices d'aliments pour porcs l'Europe, l'Asie-Pacifique et l'Amérique du Nord ont toutes connu des difficultés au cours de l'année écoulée, notamment une faible rentabilité, des pénuries de main-d'œuvre et des problèmes de santé des troupeaux. En Asie du Sud-Est, la peste porcine africaine (PPA) et ses conséquences restent le principal problème affectant la production. L'Amérique latine est la seule région à avoir enregistré une augmentation de sa production d'aliments pour porcs en 2023 (+ 2,42 %), bien qu'à un rythme plus lent que par le passé.
La production d'aliments pour animaux de compagnie a progressé plus lentement : + 0,74 % en 2023, marquée par une demande de produits et de services de haute qualité. L'Amérique latine et l'Amérique du Nord ont été les principaux moteurs de cette croissance, dépassant l'Europe, seul marché à avoir connu Score une baisse de la production d'aliments pour animaux de compagnie en 2023 « en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et des pressions inflationnistes ». L'Amérique du Nord occupe désormais la première place dans la production d'aliments pour animaux de compagnie, avec un total de 11,34 millions de tonnes en 2023. « L'essor de l'industrie nord-américaine du petfood illustre l'évolution du paysage mondial. »
La production d'aliments pour l'aquaculture a baissé pour la première fois après de nombreuses années de croissance, de 4,43 % (lire encadré). Le secteur équin a lui aussi diminué, de 3,89 %. Il est cependant le seul à avoir enregistré une légère croissance en Europe (+ 0,63 %). Alltech s'attend à ce que « les prix et les volumes des aliments pour chevaux diminuent au cours de l'année à venir ».
Aquaculture : Baisse historique des volumes
Le secteur mondial de l’aquaculture a connu, pour la première fois depuis de nombreuses années, une baisse du tonnage d’aliments (de 4,43 %) en 2023. Cette baisse est en partie due à « une chute importante de l’approvisionnement de la Chine en aliments pour animaux aquatiques, en rai-son de la baisse des prix du poisson. Celle-ci a conduit les éleveurs à réduire leur densité d’ensemencement et a eu un impact considérable », explique le rapport. De plus, en Asie-Pacifique, les conditions météorologiques difficiles ont impacté les performances des poissons et des défis économiques ont diminué la demande des consommateurs pour les produits de la pêche. Les volumes ont diminué de 7,08 % (ou 2,72 MMT) dans la région.
En Europe, le tonnage total d’aliments aquacoles a également diminué en 2023 (de 0,14 MMT, soit 3 %) pour la première fois depuis plusieurs années. Les maladies chez le saumon et la truite ont eu un impact particulièrement dévastateur sur la production de la Norvège et ont également entraîné une augmentation des taux de mortalité, une diminution des taux de conversion alimentaire et une altération du bien-être animal dans toute la région.
De son côté, l’Amérique latine a continué de progresser, avec une augmentation de 0,27 million de tonnes (+ 3,87 %). Le marché, axé sur l’exportation est resté fort, malgré des tensions géopolitiques et des conditions météorologiques défavorables, grâce à une demande soutenue en produits issus de l’aquaculture, ce qui a permis aux producteurs de rester résilients. L’Équateur a maintenu sa position de premier producteur de crevettes, tandis que le Chili est devenu le deuxième plus grand producteur de saumon l’année dernière.
En Afrique et au Moyen-Orient, le tonnage total d’aliments aquacoles a légèrement augmenté en 2023. En Amérique du Nord, la production d’aliments pour l’aquaculture a augmenté, mais seulement marginalement, au Canada et aux États-Unis en 2023. En Océanie, le tonnage a augmenté de 7,5 %, soit 0,02 MMT, en 2023.
La baisse de 7 % en Asie-Pacifique s’explique en grande partie par les faibles densités de stockage, la baisse des performances et la diminution de la demande des consommateurs.
Perspectives de croissance
Pour compléter le rapport, un panel d'experts apporte son avis sur les tendances et les opportunités de croissance du secteur (voir graphique ci-dessus). Les solutions nutritionnelles sont une fois de plus la technologie la plus fréquemment citée (84 %) comme ayant un impact important. La génétique est la deuxième réponse la plus choisie (74 %), suivie par la collecte/analyse de données (56 %) et la biosécurité (54 %). Les solutions nutritionnelles les plus pertinentes pour la production d'aliments pour animaux sont celles qui améliorent l'efficacité alimentaire, suivies par les solutions de gestion de la santé intestinale, des mycotoxines, les enzymes et les minéraux.
En Europe et en Océanie, les technologies de réduction du méthane ont été citées comme l'une des plus grandes opportunités de croissance. En Afrique, elles reposent sur l'amélioration de l'efficacité alimentaire et la mécanisation des filières, ainsi que la production locale de matières premières. En Asie-Pacifique, le marché de la volaille, les technologies agricoles intelligentes et la production de cultures génétiquement modifiées offrent les plus grandes opportunités selon les personnes interrogées. Ils ont également mentionné les mesures de réduction des émissions de méthane et la croissance des secteurs de l'aquaculture et des animaux de compagnie. En Amérique latine, le contrôle des mycotoxines et le développement de pratiques agricoles durables sont cités comme des opportunités de premier plan. En Amérique du Nord, l'importance des partenariats et de la collaboration a été soulignée, ainsi que la réduction du méthane et l'agriculture régénératrice.
Pour 2024, le rapport indique que la production d'aliments pour animaux, toutes espèces confondues, devrait augmenter, « les conditions du marché s'améliorant à mesure que le coût des intrants diminue et que les consommateurs s'adaptent aux incertitudes ». La production devrait rester soutenue en Amérique latine (notamment au Brésil) et s'accélérer en Asie du Sud-Est, avec des augmentations marginales attendues en Chine et en Océanie. L'Amérique latine devrait mener la croissance de la production en 2024, mais à un rythme plus lent qu'en 2023. La réduction des stocks de bétail devrait se poursuivre aux États-Unis. Globalement, « l'industrie mondiale de l'alimentation animale a vu 3 % de croissance annuelle moyenne au cours des dix dernières années et 3,7 % en moyenne de croissance annuelle au cours des cinq dernières années ».
Téléchargez le PDF du rapport complet et explorez la carte interactive sur www.alltech.com/agri-food-outlook