Jefo a présenté sa technologie de microencapsulation lors de l’événement « Matrix Tour » le 29 juin à Gosné (35). L’équipe de Jefo a pu aborder les avantages zootechniques et techniques de cette technologie dans des applications à l’usine et sur les espèces porcs, ruminants et volailles.
Le 29 juin, à Gosné (35), l’équipe de Jefo a présenté sa technologie de microencapsulation lors de l’événement « Matrix Tour ». L’occasion d’évoquer tous les avantages des applications de cette technologie de l’usine à l’animal : porcs, volailles et ruminants. Jérôme Fouquet, directeur Jefo Europe, a d’abord fait un bref rappel de l’entreprise. Créée en 1982 par Jean Fontaine à Saint-Hyacinthe au Québec (entre Montréal et Québec), Jefo est un groupe familial. « Notre mission est d’imaginer, développer et partager la prochaine ère de nutrition de précision, en particulier par le savoir-faire de la microencapsulation avec un engagement vis-à-vis de nos clients », rappelle Jérôme Fouquet. Jefo propose quatre familles de solutions : une gamme de microencapsulation, une gamme d’enzymes et d’extraits de fermentation, produites en Belgique et au Canada respectivement et une gamme de produits de commodité ainsi que de produits techniques spécifiques à l’Europe.
Depuis quelques mois, un nouveau site de production de 18 000 m2 est en cours de construction à Saint-Hyacinthe pour un investissement de 42 millions de dollars. Cette nouvelle structure sera opérationnelle en 2023 et passera la capacité de production, de 10 000 t aujourd’hui, à 60 000 t. « Notre objectif est de préparer demain », déclare Jérôme Fouquet.
En usine
Pourquoi protéger une molécule active ? C’est ce qu’Emmanuel Landeau, responsable technique, a expliqué lors de son intervention. « La principale raison c’est le côté zootechnique, l’intérêt au niveau digestif. Il y a un intérêt à les protéger de leur environnement pour éviter les interactions avec d’autres molécules actives, des conditions climatiques ou du process industriel. » La technologie Jefo Matrix permet d’envelopper des molécules actives dans une matrice de triglycérides, afin d’éviter les réactions entre les composants avant leur libération.
L’un des objectifs de cette protection est de répartir les principes actifs de façon homogène dans ces matrices, lesquelles seront elles-mêmes réparties de façon homogène dans le produit fini. Pour vérifier cette homogénéité, une étude a été réalisée. Une douzaine de sacs de prémix ont été prélevés et l’homogénéité du produit a été vérifiée. Les résultats ont montré une homogénéité de répartition du produit avec la technologie Jefo dans l’intégralité des sacs.
Un autre intérêt est de protéger pour éviter les dégradations des molécules actives, dues par exemple à l’oxydation, la lumière, la température. Un prémélange de vitamines en présence de sulfate de cuivre pour induire une oxydation et conservé pendant quatre mois a été vérifié. Après les quatre mois de stockage, la vitamine libre a été dégradée alors que la vitamine protégée Jefo a obtenu une bonne conservation.
Le troisième avantage de la matrice concerne la sécurisation du point de vue industriel. Les principes actifs étant protégés dans la matrice, ils ne vont pas altérer l’équipement (corrosion…). Pour la sécurité des employés également, depuis le 1er janvier 2022 la concentration maximale d’émission de poussières totale est de 7 mmg/m3 et, à partir du 1er juillet 2023, la valeur maximale passera à 4 mmg/m3 d’émission de poussières totale. « L’un des avantages de protéger les ingrédients est de limiter les poussières. Lors d’une étude avec Tecaliman, nous avons mesuré la densité du nuage de poussière et le temps que prend ce dernier pour retomber. Nous avons comparé nos produits aux mêmes ingrédients, mais sous forme libre. Les produits protégés Jefo sont catégorisés non poussiéreux alors que les ingrédients sous forme libre sont catégorisés peu poussiéreux, poussiéreux, voire très poussiéreux », détaille Emmanuel Landeau. Dès l’usine, les molécules actives ont un intérêt à être protégées : moins de poussières, moins d’odeurs, moins d’interactions, moins d’agressivité, moins de perte d’activité, plus d’homogénéité.
Sur les espèces
Chez les animaux, une molécule active non protégée a des risques de dissociation ou de perte de matière active. Anaïs Augé, cheffe marché porc et aquaculture, explique : « notre technologie permet d’agir en un lieu spécifique, donc dans le cadre du porc au niveau intestinal, avec une durée de relargage particulière. Il va y avoir un relargage lent et progressif et des quantités relarguées précises ». Jefo propose deux solutions protégées pour le porc : un mélange d’huiles essentielles et d’acides organiques qui a des effets bénéfiques sur l’intégrité intestinale et la pression pathogène et de l’oxyde de zinc qui sont utilisables à tous les stades physiologiques. Chez la truie, les huiles essentielles et les acides organiques abaissent la pression pathogène au niveau du tractus génital et maintiennent la santé urogénitale. Chez les porcelets et le charcutier, la santé intestinale, et la pression pathogène en général est maîtrisée.
Un essai réalisé sur des truies qui ont reçu la solution Jefo dès l’entrée en maternité et jusqu’au sevrage à hauteur de deux kilogrammes par tonne, a montré que le GMQ des portées est amélioré significativement, sans perte d’état des truies, par rapport au groupe témoin. La supplémentation a permis une réduction des diarrhées néonatales car l’environnement du porcelet à la naissance est maîtrisé. Chez des porcelets sevrés de 28 jours, plusieurs groupes avec challenges ou sans et avec antibiotiques ou alternatifs ont été créés. « Nous avons mesuré l’intégrité intestinale en mettant un sucre non digestible dans l’aliment puis nous l’avons quantifié au niveau sanguin. Il s’est avéré que l’antibiotique dégradait encore plus l’intégrité intestinale que le challenge seul. Avec notre solution, l’intégrité intestinale revenait aux niveaux des porcelets qui n’avaient pas reçu le challenge. »
La deuxième solution agit également sur l’intégrité intestinale. Chez des charcutiers, la supplémentation à hauteur de 250 g/t permet une amélioration du GMQ et une réduction de la mortalité. « Nous avons une efficacité de la protection qui permet d’agir directement au niveau intestinal. Nous n’avons pas de pertes de nos ingrédients actifs en amont. Nos deux solutions peuvent intervenir dans la stratégie de démédication », conclut Anaïs Augé.
Chez les volailles le temps de transit, entre trois et six heures, est plus rapide que celui du porc. La technologie Jefo permet donc un relargage plus rapide chez les volailles. Ici, ce sont les caeca qui seront visés. « Notre produit empêche un déséquilibre du microbiote dans l’intestin qui pourrait engendrer une moindre efficacité au niveau des villosités et donc une réduction des performances », explique Anouk Cottin-Tillon, cheffe marché volailles. La méthode I see inside (Isi) a été utilisée pour évaluer l’intégrité intestinale chez des poulets de chair. De manière générale, tous les critères ont été améliorés avec la supplémentation avec un score Isi faible pour le lot supplémenté. « Avec un meilleur équilibre du microbiote, les animaux seront capables de mieux absorber les nutriments et avoir de meilleures performances. Nous avons une réduction de l’IC et une augmentation du GMQ. » Les mêmes résultats ont été observés chez le canard, la dinde et la poule pondeuse.
Une deuxième solution pour les aliments sans anticoccidiens est proposée et contient un mélange d’extraits de plantes, d’huiles essentielles et d’acides organiques. Six groupes d’animaux ont été formés dans cet essai. Après dix jours d’infection, les animaux avec les meilleures performances sont ceux ayant reçu l’anticoccidien, « cependant, lorsque l’on regarde les solutions alternatives, la solution Jefo a permis de récupérer de la performance et notamment au niveau de l’IC, qui est bien meilleur qu’avec les deux autres solutions que l’on retrouve sur le marché. Ces animaux n’ont pas de croissance compensatrice ». La microencapsulation d’ingrédients d’intérêt permet d’offrir des solutions efficaces pour toutes les espèces de volailles. Le relargage des composés actifs tout au long du tube digestif permet une modulation du microbiote intestinal, laquelle aide les animaux à avoir une meilleure récupération des performances lorsqu’un challenge survient.
Dominique Bouchut, chef marché ruminant et lapin, déclare : « lorsque l’éleveur achète un sac de minéral, il faut qu’il ait de l’additif du haut, jusqu’au bas du sac, pour que les vaches aient leur quantité, de la première arrivée sur l’auge à la dernière. ». Les ruminants consomment une ration humide et acide avec les fourrages qui est distribuée une fois par jour. Le contact avec l’humidité et l’acidité pendant 24 heures peut altérer les additifs dans l’aliment.
Lors d’un essai avec de l’ensilage de maïs, différentes lysines protégées présentes sur le marché ont été comparées à la lysine protégée de Jefo. Six heures après, seulement 12 % de la lysine protégée de Jefo s’est solubilisée contre 50 % sur d’autres lysines protégées du marché. Il en est de même pour certaines vitamines libres qui peuvent être dégradées dans le rumen jusqu’à 97 % alors que, lorsqu’elles sont encapsulées, la dégradation monte au maximum à 25 %. « Il faut intégrer qu’il y a une opposition entre la ruminoprotection et la digestibilité. Plus on protège les molécules actives, plus nous avons de chances que l’ingrédient soit peu digestible dans l’intestin. Ainsi, il faut établir la protection la plus efficace dans le rumen, tout en assurant un relargage dans l’intestin et garantir une bonne absorption intestinale », explique Dominique Bouchut.
L’encapsulation permet l’utilisation de moins d’actifs, donc une réduction du gaspillage et un gain économique. En effet, Dominique Bouchut dévoile deux cylindres avec, d’un côté, 300 g de vitamine B encapsulée pour nourrir 100 vaches et de l’autre une vitamine B sous forme libre avec 5,7 fois plus de poudre pour avoir le même effet zootechnique. « La protection, ce n’est pas quelque chose de banal, c’est un réel savoir-faire. C’est un moyen de mettre en adéquation les quatre menus du ruminant (le formulé, le distribué, le consommé et le métabolisé). La protection permet d’éviter les démélanges, d’avoir des sacs qui contiennent bien l’additif, que les ingrédients ne se dégradent pas au bout de quelques heures et que l’additif arrive bien à l’endroit souhaité », conclut Dominique Bouchut.
Éva Marivain